8 choses à savoir sur la transformation durable des modèles d’affaires

Les exigences règlementaires, les pressions environnementales et les attentes des consommateurs et des investisseurs poussent les organisations à agir au-delà du climat en mettant en place une transformation profonde de leurs modèles économiques. Cette transformation est nécessaire pour toute entreprise souhaitant garantir sa pérennité.   En novembre dernier, nos experts ont pris la parole sur le ...

Alexis Flot, Jordan Hairabedian

4 déc 2023 10 minutes de lecture
transformation durable business model

Les exigences règlementaires, les pressions environnementales et les attentes des consommateurs et des investisseurs poussent les organisations à agir au-delà du climat en mettant en place une transformation profonde de leurs modèles économiques. Cette transformation est nécessaire pour toute entreprise souhaitant garantir sa pérennité.  

En novembre dernier, nos experts ont pris la parole sur le positionnement d’EcoAct face à ce constat dans le cadre du webinaire « Se transformer ou périr : adopter un modèle économique à visée régénérative compatible avec les limites planétaires ». Dans cet article, nos experts Alexis Flot et Jordan Hairabedian répondent à 8 questions clés posées par les participants sur le sujet de la planification de votre transition environnementale.  

    1. Comment EcoAct accompagne les entreprises dans leur transition vers un modèle aligné sur le cadre des limites planétaires ?  

La définition d’un plan de transition pour une organisation varie en fonction des référentiels. En effet, de nombreux cadres de transition et de transformation environnementale ont récemment vu le jour : CSRD, Plan de Transition Climatique du CDP, SBTN, TNFD, SBTi Net-Zero, Transition Plan Taskforce du Royaume-Uni…  

En 2023, EcoAct a enrichit son approche d’accompagnement aligné sur le cadre des limites planétaires, en s’appuyant sur les cadres de référence et méthodologies les plus robustes. 

Notre nouvelle approche se structure en 4 piliers, sous le nom d’ACTR : 

  • Analyser et Evaluer : évaluer votre situation actuelle et votre potentiel de transformation 
  • Construire et Engager : construire votre feuille de route, engager vos parties prenantes et définir vos objectifs 
  • Transformer et Décarboner : passer à un modèle d’affaires durable et décarboné en vous lançant dans l’action transformatrice 
  • Régénérer et Préserver :  préserver et régénérer les puits naturels de carbone et leurs écosystèmes. 

Pour plus de détails, consultez notre livre blanc : Transformer son modèle économique – Réussir la transition environnementale en faveur de la pérennité des organisations

        2. Quelles sont les exigences réglementaires auxquelles mon entreprise doit s’aligner dans le cadre de sa stratégie RSE ?  

Chaque pays dispose de politiques environnementales spécifiques. Néanmoins, l’Union européenne est aujourd’hui la région la plus active et ambitieuse dans le monde en matière de politiques environnementales. Trois réglementations se distinguent : 

  • CSRD : la norme la plus robuste au monde en matière de transparence et d’action environnementale, sociale et de gouvernance, 
  • Taxonomie : la classification environnementale la plus avancée en matière d’activités économiques durables, ciblant six objectifs environnementaux, 
  • CSDDD : la future directive assurant un devoir de vigilance socio-écologique sur toute la chaîne de valeur des grandes entreprises (en cours de négociations inter-institutionnelles).  

Ces réglementations peuvent être considérées comme des cadres de la transformation des entreprises, désignant la marche à suivre pour opérer dans le cadre des limites planétaires et des planchers sociaux.  

       3. Comment définir une « entreprise à visée régénérative » ?   

L’approche régénérative part du constat du déclin alarmant des écosystèmes vivants qui composent la nature. Au sein de l’Union européenne, plus de 80 % des habitats naturels sont dans un état de conservation mauvais ou médiocre (Commission européenne, 2022). Alors que nos activités économiques dépendent en grande partie des services écosystémiques, remettre le vivant au cœur des organisations trouve alors son sens. De plus, la nature peut être une source d’inspiration forte pour les entreprises : la nature ne produit pas de déchets, fonctionne en local, utilise l’énergie du soleil, fonctionne non seulement sur la compétition mais également sur la coopération… 

Les entreprises peuvent contribuer à régénérer le vivant en établissant un nouveau rapport à la société et à la nature. D’après le rapport L’économie régénérative et les entreprises : qu’en dit la recherche ? (BPI, octobre 2023), la démarche régénérative est décrite comme une approche consistant à créer de la valeur, avec toutes les parties prenantes de l’entreprise, dans les limites planétaires et à développer une nouvelle relation de coévolution avec le vivant.  

Si le concept doit encore faire ses preuves, il est utile aujourd’hui de l’apprécier en tant que cap stratégique pour les entreprises plutôt que comme un nouveau label. C’est pourquoi, l’utilisation de la notion d’« entreprise à visée régénérative » ou d’« entreprise contribuant la régénération » semble davantage pertinente.  

entreprise régénérative

Source : extrait du rapport L’économie régénérative et les entreprises, BPI, 2023

       4. Comment régénérer lorsque l’activité de l’entreprise a peu de lien direct avec le vivant ?

Une entreprise a toujours un lien avec le vivant, de près ou de loin ! Toutes les activités économiques dépendent des ressources naturelles et des écosystèmes, d’une manière ou d’une autre et à des degrés différents. La régénération peut ainsi s’envisager à différentes échelles :

  • La raison d’être et l’offre de services peut être directement à visée régénérative ;
  • L’échelle territoriale peut constituer l’objet régénératif de l’entreprise en mettant en place des actions visant à la régénération de son écosystème local ;
  • La chaîne de valeur indirecte de l’entreprise comporte souvent un potentiel régénératif ;
  • Enfin, le financement ou le développement de projets de régénération en-dehors de la chaîne de valeur constitue également un levier de régénération.

Ainsi, chaque entreprise peut trouver des leviers de régénération. Nous aborderons ce sujet en détail lors de notre prochain webinaire sur la transformation au printemps 2024.

     5. Comment convaincre les actionnaires de faire des compromis sur leurs exigences financières pour mettre en place une feuille de route régénérative ?

Mettre les actionnaires face aux risques mais aussi aux opportunités liées à cette transition avec leur matérialité financière constitue un argument majeur pour convaincre. Premièrement, le consensus scientifique aujourd’hui est clair : l’action est moins risquée que l’inaction. Investir dans la transformation écologique est ainsi un moyen d’assurer la pérennité et la résilience de l’entreprise à un coût plus réduit que l’adaptation subie à un environnement économique dégradé.

Deuxièmement, la transformation doit être abordée comme une opportunité économique. Repenser son modèle, c’est certes redéfinir l’équation du profit, mais ce n’est pas renoncer à la rentabilité. Au contraire, la boussole de la transformation peut être vue comme la recherche de la maximisation de la valeur économique ET écologique. Plusieurs études (de Forrester et Bain par exemple) tendent ainsi à montrer que les entreprises engagées dans une transformation écologique obtiennent des meilleures performances économiques à long-terme.

      6. Comment mettre en œuvre opérationnellement l’accompagnement au changement de nos parties prenantes internes et externes ?

Nous croyons fermement en la co-construction, à la fois comme clé de l’engagement des collaborateurs et des parties prenantes et comme garantie d’être au plus proche des réalités terrain. En déployant du pouvoir d’agir à toutes les échelles, on augmente l’efficacité de la transformation autant que ses chances de succès opérationnel.

Les dispositifs de co-construction et d’accompagnement du changement culturel peuvent engager une grande partie de l’entreprise, à tout niveau de responsabilité. Ils peuvent également inclure des parties prenantes externes (fournisseurs, clients, scientifiques, ONG…). La co-construction peut prendre diverses formes : ateliers d’intelligence collective, questionnaires, consultations… Réussir la mise en œuvre de votre transformation nécessite de faire de vos collaborateurs les acteurs de celle-ci.

      7. Quelle est la première étape d’une démarche de transformation ?

Structurer une démarche de transformation nécessite de débuter par une phase de diagnostic du modèle d’affaires de l’entreprise et de son environnement. Cela permet de valoriser l’existant tout en identifiant quelles sont les prochaines étapes à parcourir pour plus de résilience et d’impact positif.

Pour vous accompagner dans cette démarche, EcoAct a lancé l’ACTR Tool : un nouvel outil en ligne gratuit qui permet aux entreprises d’évaluer leur stratégie environnementale par rapport aux réglementations clés (CSRD et taxonomie européenne). Ce questionnaire simple d’utilisation vous permet d’évaluer la maturité de l’entreprise sur le chemin de sa transformation environnementale sur 10 catégories clés tout en automatisant des recommandations adaptées à votre contexte.

ACTR Tool recommandations CSRD et taxonomie

Visuels issus de l’ACTR Tool

8. Y a-t-il des exemples concrets d’entreprises qui ont réussies la transformation de leur business model ?

Les exemples de transformation complète sont encore assez isolés aujourd’hui. Beaucoup d’entreprises sont cependant engagées dans des changements profonds, mais sans prétendre avoir achevé cette transition. Par ailleurs, certaines ne souhaitent pas communiquer sur leurs initiatives de transformation tant qu’elles n’ont pas porté leurs fruits. Cela ne veut pas dire qu’elles ne font rien !

A titre d’illustrations, voici cependant quelques exemples inspirants :

  • Une reconversion industrielle : l’équipementier automobile Forvia transforme certaines de ses usines de fabrication de pot d’échappement en production de réservoir d’hydrogène ;
  • Orsted est passé en 20 ans d’un producteur d’énergies fossiles à un producteur d’énergies renouvelables ;
  • La station de ski de Metabief, dans le Jura, s’organise pour “sortir du ski” à horizon 2030 ;
  • Decathlon explore et a déjà lancé plusieurs offres relevant de l’économie de la fonctionnalité (location, réparation et seconde vie) ;
  • Interface, un fabricant de moquette, conçoit des produits avec des matériaux qui stockent du carbone et des usines dites biomimétiques (biomimétisme signifie s’inspirer du vivant pour innover) qui cherchent à rendre des services écosystémiques au territoire dans lesquelles elles sont implantées.

Chez EcoAct, nous accompagnons plusieurs entreprises dans leurs évolutions de modèles d’affaires : passage du produit au service, reconversion industrielle, reconversion des compétences… Nombreux sont les clients à la recherche des meilleures pratiques. Cela étant, chaque entreprise œuvre dans un écosystème unique : employés, fournisseurs, dirigeants, clients, réglementations… Ainsi, il n’y a pas de solution toute faite qu’il suffirait de répliquer. Il faut davantage prendre conscience que se transformer, c’est expérimenter. En effet, chaque organisation doit être actrice de sa transformation !

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