CSRD et Omnibus : Quelles sont les évolutions à prévoir pour le reporting extra-financier des entreprises ? 

La directive CSRD, pilier du reporting extra-financier européen, connaît une simplification significative grâce au paquet "Omnibus". Cette initiative réduit le nombre d'entreprises soumises à la directive et reporte les échéances de mise en œuvre, offrant ainsi une plus grande flexibilité aux acteurs économiques.

Anne Philipona-Hintzy & Serge Diarra

3 Mar 2025 8 minutes de lecture

Entrée en vigueur au sein de l’Union européenne (UE) en janvier 2023, la Corporate Sustainability Reporting Directive ou CSRD représente une expansion significative du reporting obligatoire extra-financier des entreprises dans les états membres.

Ce mercredi 26 février, la Commission européenne a présenté son très attendu paquet “Omnibus”, révisant trois textes emblématiques du Pacte vert européen, à savoir la CSRD, la CS3D (Directive sur le devoir de vigilance des entreprises) et la Taxonomie européenne. Cet “Omnibus” vise à répondre à la demande de simplification des exigences de nombreux dirigeants politiques, décideurs et entreprises.

Dans l’attente des clarifications et amendements qui seront apportés à l’Omnibus avant son adoption officielle, nous souhaitons vous partager plusieurs points clés concernant ses répercussions sur lapplication de la CSRD pour votre entreprise.  

Omnibus : rien ne change tant que rien n’est adopté 

Pilier essentiel de la stratégie de Finance durable de l’UE et inspiré de référentiels internationaux tels que la TCFD et le CDP, la CSRD vise à guider la stratégie des entreprises dans la transition écologique tout en contribuant à orienter les flux d’investissements vers les entreprises “vertueuses”, afin de garantir la réalisation des objectifs du Pacte vert européen.

La proposition d’Omnibus publiée par la Commission européenne propose de « simplifier sans déréguler, simplifier pour mieux déployer ». Ainsi, de nombreux changements sont proposés, mais la CSRD ne perd pas son objectif premier : instaurer un socle de reporting uniforme, complet et transparent à partir d’indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) à communiquer par toutes les organisations concernées et couvrant les enjeux de gouvernance, de stratégie, de risques, ainsi que des indicateurs clés communs assortis de trajectoires.

Les entreprises et leurs investisseurs bénéficieront ainsi d’une vision globale de la performance durable, à l’échelle du modèle d’affaires des entreprises et des secteurs d’activité. En parallèle, ce reporting complet et ambitieux renforcera la réputation de l’entreprise auprès des clients et de la société civile, car les données publiées seront publiques : 

CE infographie CSRD

Source : adaptation d’une illustration de la Commission européenne (15/06/2022) 

Quelles seront les entreprises concernées par la CSRD après l’adoption de l’Omnibus ?

Changement majeur via l’Omnibus, il est prévu de réduire de 80 % le nombre d’entreprises soumises aux obligations en augmentant les seuils d’éligibilité. Seraient donc concernées : 

  • Les entreprises européennes cotées de plus de 500 salariés (publication en 2025 sur les données 2024), 
  • Les grandes entreprises de l’UE non cotées de plus de 1 000 salariés (et un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros ou un bilan supérieur à 25 millions d’euros), 
  • Les grandes entreprises non européennes ayant un chiffre d’affaires de plus de 450 millions d’euros dans l’UE et disposant soit : d’une filiale importante dans l’UE (selon les anciens seuils : 2 critères sur 3 parmi 250 employés, 50 millions d’euros de chiffre d’affaires ou 25 millions d’euros de bilan) ou d’une succursale dont le chiffre d’affaires net excède 50 millions d’euros. 

Les autres ETI et PME ayant moins de 1 000 salariés, pourront respectivement adopter, de manière volontaire, les ESRS, ainsi que la norme VSME (Voluntary reporting standard for SMEs) afin de poursuivre leurs engagements en faveur de la transition environnementale. 

L’Omnibus en application pour la CSRD 

Les autres évolutions clés proposées par l’Omnibus pour la CSRD sont les suivantes : 

Enjeux 

Exigences précédentes (février 2024) 

Modifications proposées par l’Omnibus (février 2025) 

Nombre d’entreprises concernées 

> 50 000 

10 000 (environ 80 % de réduction) 

Vague 1 : calendrier d’application  

2025 pour les grandes entreprises cotées  avec plus de 500 salariés

Maintenu  

Vague 2 et 3 : calendrier d’application  

  • 2026 pour les grandes entreprises non cotées
  • 2027 pour les PME cotées  

Report de 2 ans pour les grandes entreprises (jusqu’en 2028) + les PME cotées en bourse n’auront plus d’obligation de reporting

Reporting sur la chaîne d’approvisionnement  

Obligation d’obtenir des données de tous les fournisseurs identifiés dans l’analyse de double matérialité + ESRS LSME comme plafond de la chaîne de valeur (quantité maximale d’informations sur le développement durable que les PME cotées de la chaîne de valeur doivent fournir à des fins de reporting)

Limite des demandes des donneurs d’ordres soumis à la CSRD : les demandes d’information d’entreprises soumises à la CSRD, à des entreprises de moins de 1000 employés situées dans leur chaîne de valeur, doivent se limiter aux informations spécifiées dans les normes d’utilisation volontaire

Audit 

Assurance limité requise 

  • Suppression de l’assurance requise
  • Lignes directrices sur l’assurance à venir par la Commission européenne 

Qu’en est-il des normes ESRS ?

Les normes européennes de reporting sur le développement durable (European Sustainability Reporting Standards ou ESRS) exposent les indicateurs ESG quantitatifs et qualitatifs à communiquer dans le cadre de la CSRD. Ces normes de reporting sont réparties en trois piliers : 

CSRD et Omnibus : Quelles sont les évolutions à prévoir pour le reporting extra-financier des entreprises ? 

Avec l’Omnibus, la Commission européenne s’engage à réduire le nombre d’indicateurs et à clarifier la méthodologie dans un acte délégué spécifique aux évolutions des ESRS. Les normes sectorielles, pourtant attendues, seraient supprimées pour ne pas augmenter le nombre de points de données à communiquer. 

Malgré ces changements et du fait de son approche holistique, la CSRD reste le cadre de reporting le plus robuste parmi les autres développements de référentiels à l’international (SEC, GRI, ISSB, etc.). 

Le calendrier d’application potentiel après adoption de l’Omnibus 

Le reporting de la CSRD doit être fait annuellement. En 2025, nous commençons à voir la publication des premiers rapports sur les données 2024 pour les entreprises cotées. 

Avec l’Omnibus I, l’obligation de reporting pour les entreprises de plus de 1000 salariés devrait être repoussée de deux ans. 

La Commission européenne a prévu deux autres paquets impactant potentiellement le calendrier d’application :  

  • Omnibus II qui visera à simplifier les processus de reporting dans le but de stimuler les investissements stratégiques, 
  • Omnibus III pour clarifier les exigences pour les entreprises de taille intermédiaire. 

Nous ne manquerons pas de vous mettre à jour sur les prochains changements. 

Où publier les informations requises ? 

Pour les entreprises concernées, les informations non-financières doivent être publiées dans le rapport de gestion : soit dans une section consolidée, soit dans quatre parties distinctes (informations générales, sections E, S et G), soit par incorporation par référence (ex. ESRS E1-6, paragraphe 41). 

De plus, les données seront publiées sur une plateforme publique de l’UE, le point d’accès unique européen (European Single Access Point ou ESAP), grâce à un système de « tags » fondé sur l’incorporation par référence. Le format électronique unique européen (European Single Electronic Format) facilitera l’accessibilité, l’analyse et la comparaison des rapports annuels. 

Comment EcoAct peut vous accompagner pour répondre aux exigences de la directive Omnibus ? 

La CSRD doit être vue comme une opportunité et inviter à l’optimisme, en encourageant les dirigeants et leurs équipes à s’engager pleinement. Nous encourageons chaque entreprise à anticiper et se préparer aux transformations nécessaires dans un contexte de crise climatique et environnementale, plutôt que de repousser l’analyse les risques – dont les manifestations s’observent dès à présent, ici en France – et d’en subir les conséquences, dont des dommages économiques. 

Nos équipes vous accompagnent pour tirer le meilleur parti de la CSRD et pour vous adapter aux évolutions de l’Omnibus en 4 étapes : 

  1. Sensibilisation, formation aux enjeux réglementaires soulevés par la CSRD et engagement des équipes ; 
  2. Analyse de double matérialité et mise en adéquation de votre stratégie climat et biodiversité avec les exigences de la CSRD grâce à notre vingtaine d’années d’expérience de conseil dans le changement climatique, de la mesure des émissions, à l’analyse des risques en passant par le reporting et la compensation carbone ; 
  3. Réalisation et mise en œuvre d’une feuille de route sur les volets ESG ; 
  4. Accompagnement à la transformation de votre modèle d’affaires dans le respect des limites planétaires. 

Chez EcoAct, nous ne considérons pas la CSRD comme une exigence de reporting seulement, mais comme un outil stratégique qui permet de mesurer la robustesse de vos modèles économiques face aux bouleversements environnementaux et sociétaux. Dans cette logique, l’intégralité de notre offre de services est structurée autour de la mise en œuvre d’une stratégie globale de réduction de vos risques et de vos impacts sur la planète. 

Retrouvez dans notre vidéo de décryptage les informations à date sur l’Omnibus et son impact sur la CSRD :

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