Paris, le 25 octobre 2021 — EcoAct publie aujourd’hui les résultats de son étude annuelle sur les stratégies climatiques de certaines des plus grandes sociétés au monde, avec pour objectif d’analyser la manière dont ces entreprises abordent les enjeux liés au climat et comment elles communiquent leurs objectifs et réalisations. Cette étude permet de mettre en lumière les meilleures pratiques et le niveau de performances en matière de reporting et d’action climat dans les indices boursiers et secteurs d’activité étudiés.
Alors que les catastrophes naturelles se multiplient dans le monde et que le dernier rapport du GIEC souligne l’irréversibilité de certains dommages provoqués par l’homme dans le dérèglement climatique, les entreprises se doivent d’agir et de faire preuve de transparence quant aux actions menées pour lutter contre ces changements.
Si sa recherche est toujours principalement fondée sur des informations accessibles à tout tiers intéressé, EcoAct améliore cette année cet exercice d’évaluation de la manière suivante :
Quatre secteurs clés se retrouvent particulièrement représentés au sein du groupe d’étude et chacun a un rôle majeur à jouer dans la transition vers zéro émission nette au niveau mondial :
Les leaders de l’ensemble de l’étude sont Microsoft et Apple, qui ont démontré une forte performance de reporting dans chacune des quatre sections évaluées (cf. méthodologie), avec un score au-delà de 85 %. Les deux Groupes ont excellé en raison de leurs solides engagements en matière de réduction exhaustive, en phase avec la cible de zéro émission nette, d’objectifs à long terme précis, avec des stratégies ambitieuses de séquestration du carbone[4] et des réalisations à l’appui.
Schneider Electric, société française spécialiste mondiale de la gestion de l’énergie et des automatismes, s’est distinguée non seulement parmi les 50 entreprises de l’EURO STOXX, mais aussi parmi toutes les entreprises évaluées puisque le groupe a atteint la 4ème place du classement général. En effet, Schneider Electric a aligné ses réductions d’émissions sur une trajectoire de 1,5 °C, et ce, sur ses trois scopes d’émissions de CO2.
Deux entreprises issues de secteurs fortement émissifs font leurs entrées au classement : Eni, entreprise pétrolière et gazière italienne et BMW, société automobile allemande. Leur score élevé s’explique par le fait que les deux ont fait preuve d’un reporting et d’une mesure des émissions solides en déclarant plus de 95 % de leurs émissions de scope 3, y compris celles relatives à « l’utilisation des produits vendus », qui est de loin la catégorie la plus émettrice. BMW a défini un SBT sur ses scopes 1 et 2 aligné sur la trajectoire de 1,5 °C et approuvé par la SBTi, et Eni a démontré un objectif clair de réduction de carbone de 71 % sur tous ses scopes d’ici à 2050 dans le cadre de son engagement vers zéro émission nette. À noter que les scores élevés s’expliquent également par la baisse d’activité conjoncturelle due aux effets de la pandémie entraînant une forte chute des ventes de voitures, de consommation d’essence ou encore d’utilisation du pétrole et donc de leurs émissions de CO2. Toutefois, ces entreprises font preuve de leadership dans leurs secteurs respectifs grâce à un reporting efficace, une ambition élevée de réduction d’émissions et une gouvernance forte pour faire face à ces enjeux.
Parmi les 178 entreprises analysées, 17[5] sont françaises (soit un tiers de l’EURO STOXX 50) et elles ont obtenu un score moyen de 62,3 % (au-dessus de la moyenne de l’EURO STOXX 50 située à 58,9 %, ainsi que de la moyenne globale qui est de 53,2 %). Malgré leurs bons résultats, on remarque que les sociétés françaises ont encore une marge de manœuvre importante pour améliorer leurs actions de réduction ambitieuse et leur transparence.
L’introduction dans l’étude 2021 de l’EURO STOXX 50, en remplacement du CAC 40 et de l’IBEX 35, ne permet pas encore une comparaison annuelle exacte. Néanmoins, la majorité des entreprises du FTSE 100 et du DOW 30 restant identique, l’étude offre des évolutions approximatives.
Dans l’ensemble, le nombre d’entreprises engagées en faveur de zéro émission nette continue à croître et s’élève aujourd’hui à 65,7 % des 178 entreprises analysées.
L’analyse révèle toutefois qu’un engagement fort en faveur de zéro émission nette dans l’ensemble des indices n’est pas suivi par des objectifs associés de réduction et de séquestration des émissions de GES à long terme. Sur l’ensemble des indices, seulement 19 % des entreprises fixent des objectifs de réduction des émissions de long terme associées à la stratégie zéro émission nette et seulement 2,8 % fixent des objectifs de retrait et de séquestration de CO2.
Ainsi, il est impératif que les entreprises étoffent leurs engagements vers zéro émission nette avec des objectifs de réduction scientifiques (SBT).
Concernant les entreprises françaises :
Elles sont plus nombreuses (76 %) à être engagées pour atteindre l’objectif zéro émission nette, comparées au résultat global de l’indice (64 %). Cependant sur le long terme, peu d’entre elles ont défini un objectif de réduction clair, autant du côté des entreprises françaises (12 %) que de celui des entreprises de l’EURO STOXX en général (18 %). C’est donc principalement sur ce point que devront se focaliser les efforts des entreprises françaises pour améliorer leur ambition climat à moyen et long terme.
Le nombre d’entreprises qui fixent des SBT sur l’ensemble des indices a atteint 65 % (contre 38 % en 2020, sachant que, cette année, les entreprises de l’EURO STOXX 50 remplacent celles du CAC 40 et de l’IBEX 35). En ce qui concerne l’ambition, l’Europe semble légèrement en avance avec 44 % des entreprises du STOXX 50 ayant des SBT alignés sur 1,5 ⁰C, contre 40 % du DOW 30 ou 35 % du FTSE 100.
Concernant les entreprises françaises :
Concernant la validation des SBT par la SBTi, les entreprises françaises sont en retard par rapport aux sociétés de l’EURO STOXX pour les Scopes 1 et 2, mais obtiennent une note plus élevée pour les SBT liés au scope 3.
Le meilleur élève lorsqu’il s’agit de fixer ses objectifs de réduction sur le périmètre complet est aussi le premier du classement français : Schneider Electric. L’Oréal se démarque également en fixant les objectifs les plus ambitieux pour les scopes 1 et 2, puisque le groupe s’engage à réduire les émissions de leurs sites exploités de 100 % d’ici à 2025, en prenant pour année de référence 2016. Ses objectifs s’alignent également sur la trajectoire 1,5 °C.
La réduction des émissions des scopes 1 et 2 semble prometteuse, avec 74 % des entreprises réduisant leurs émissions de plus de 4,2 %, conformément à un scénario de 1,5 °C. Cependant, ces résultats ont sans doute été affectés par la pandémie de COVID-19.
Les sociétés de l’EURO STOXX 50 ont obtenu les meilleures performances, alors que les sociétés du DOW arrivent en queue de peloton.
Concernant les entreprises françaises :
Sur ce périmètre, les entreprises françaises démontrent de réelles réductions d’émissions alignées sur une trajectoire de limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C, légèrement au-dessus de la moyenne des autres entreprises européennes. Ces scores sont à mettre en regard avec la crise sanitaire du Covid-19 qui a forcé beaucoup d’entreprises à arrêter partiellement leur activité, et donc leurs émissions.
Seules 22 % des entreprises ont réduit leurs émissions de scope 3 de plus de 4,2 % contre 74 % pour les scopes 1 et 2.
De plus, sur l’ensemble des indices, si 65 % des entreprises se sont fixé un SBT sur les scopes 1 et 2, seulement 37 % des entreprises ont fixé un SBT sur le périmètre complet.
Sur les 178 entreprises étudiées, seules quatre (Astrazeneca, Vodafone, Apple et SAP SE) ont réussi à fixer des SBT relatifs au périmètre complet (Scopes 1, 2 et 3), qui ont été approuvés par la SBTi.
La comparaison des indices en matière de réductions d’émissions de scope 3 montre que les entreprises de l’indice européen sont nettement plus performantes (avec 34 % réduisant les émissions de plus de 4,2 % par rapport au FTSE et au DOW qui affichent 17 %).
Concernant les entreprises françaises :
Sur ce scope, 12 % des sociétés françaises augmentent leurs émissions. Bien que les émissions indirectes soient les plus difficiles à réduire, des stratégies existent pour intégrer les parties prenantes au travail de réduction d’émissions des chaînes de valeur. C’est d’ailleurs ce que prouvent les 41 % d’entreprises françaises qui ont réduit de plus de 4,2 %[7] leurs émissions de scope 3.
L’EURO STOXX se distingue une fois de plus par sa réussite, avec le pourcentage le plus élevé des sociétés qui compensent à des degrés divers. Cependant, seulement 10 % des entreprises séquestrent leurs émissions de CO2.
L’analyse prouve que même si plus d’un tiers des entreprises (françaises et de l’EURO STOXX) compensent les émissions, elles ne communiquent pas précisément sur les émissions qu’elles compensent réellement.
Dans l’ensemble, l’étude révèle un grand pas en avant dans l’alignement sur les recommandations de la TCFD, mettant en avant la prise en compte plus systématique des risques et opportunités liés au climat. Cette année, 79 % des entreprises y sont alignées.
Actuellement, les sociétés du STOXX ouvrent la voie avec 86 % des entreprises alignées sur la TCFD (contre 77 % pour le FTSE et 70 % pour le DOW).
Concernant les entreprises françaises :
Visant à encourager les organisations à communiquer de manière transparente sur les risques financiers liés au climat, la TCFD est désormais presque devenue la norme pour chaque entreprise française analysée. Cette année a été décisive puisque le taux d’entreprises françaises alignées aux recommandations de la TCFD est passé de la moitié (53 %) des organisations au sein du CAC 40 à la quasi-totalité des entreprises françaises de l’EURO STOXX 50 (94 %), versus 86 % pour l’ensemble de l’indice.
Méthodologie : Le rapport se concentre sur la performance en matière de reporting et de stratégie climat des grandes sociétés cotées en bourse, à savoir l’ensemble des entreprises appartenant aux indices boursiers suivants : DOW 30, Euro STOXX 50, FTSE 100, et réparties à travers 32 secteurs différents. Les entreprises sont notées en fonction de divers critères articulés autour de quatre grands axes :
Cette année, la méthodologie évolue afin de recentrer l’évaluation sur des actions en faveur du climat communiquées publiquement par les entreprises et d’approfondir l’analyse de l’atteinte des objectifs de réduction d’émissions absolues et de compensation carbone volontaire, en intégrant de nouveaux critères.
Dans cette édition, les différentes catégories du scope 3 sont passées au crible de façon individuelle afin de valoriser le calcul des émissions réalisé sur un périmètre total. Une pondération est appliquée afin de tenir compte de la répartition des émissions à travers les 3 scopes spécifique au secteur de l’entreprise. Cette approche permet de déterminer avec précision si les émissions significatives sont bien couvertes par le calcul afin de garantir une meilleure équité dans la notation.
Le système de points et de pourcentage :
Chaque entreprise est notée en réponse à 28 questions cette année, complétées par 11 critères visant à affiner l’analyse. Chaque question constitue un indicateur qui est associé à un nombre spécifique de points dans la notation, pour un total permettant au maximum 61 points. Les notes sont exprimées en pourcentages (61 points au total donnant lieu à une note de 100 %).
Chacune de quatre grandes sections présentées est pondérée pour obtenir une note totale, respectivement à hauteur de : 15 %, 28 %, 36% et 21 %. Pour encourager les organisations à agir activement pour réduire leurs émissions, cette pondération évoluera pour accorder plus de poids à la réalisation de la réduction, qui demeure à ce jour complexe à estimer à partir de données communiquées par les entreprises.
Pour retrouver la méthodologie complète, cliquez ici.
Science Based Target initiative, SBTi : Lien vers articlé dédié
Scope 3 : Lien vers articlé dédié
TCFD : Lien vers articlé dédié
Zéro émission nette : Lien vers articlé dédié
Contacts presse :
Lorraine Brucker-Romac : lorraine.brucker@looksharp.fr – 01 81 80 95 10
Références :
[1] Technologies de l’information et de la communication (TIC)
[2] Les émissions de GES sont traditionnellement classées en 3 catégories : scope 1 (émissions directes), scope 2 (émissions indirectes liées à la consommation de l’électricité, de la chaleur ou de la vapeur nécessaire à la fabrication de produits) et scope 3 (autres émissions indirectes relatives à l’extraction de matériaux achetés par l’entreprise pour la réalisation de produits ou les émissions liées au transport des salariés, etc.).
[3] La réduction à hauteur de 4,2 % par an est l’ambition minimale acceptée par la SBTi pour valider la compatibilité de la trajectoire de réduction des émissions d’une entreprise avec un réchauffement à 1,5 °C, quel que soit son secteur (méthode de contraction absolue).
[4] Le fait de retirer le carbone de l’atmosphère et de le stocker dans des réservoirs géologiques (valorisation des puits de carbone) ou dans des produits.
[5] En incluant Airbus, le groupe détenu par les États français, allemand et espagnol.
[6] Les objectifs de réduction d’émissions de carbone « fondés sur la science climatique » (SBT) sont définis et promus par l’initiative « Science-based targets » (SBTi) avec le soutien d’un groupe consultatif technique. Initiative conjointe du CDP, du Pacte mondial des Nations unies, de l’Institut des ressources mondiales (World Resources Institute) et du WWF (World Wildlife Fund), elle a pour vocation d’aider les entreprises à déterminer un parcours de réduction de leurs émissions de carbone conforme à l’accord de Paris et aux dernières avancées de la science climatique. Par ailleurs, la SBTi évalue et approuve de manière indépendante les SBT des entreprises.
[7] La réduction à hauteur de 4,2% par an est l’ambition minimale acceptée par le SBTi pour valider la compatibilité de la trajectoire de réduction des émissions d’une entreprise avec un réchauffement à 1,5 °C, quel que soit son secteur (méthode de contraction absolue).
Découvrez les résultats de l’étude 2021 et les classements des entreprises les plus performantes
Nous sommes fiers de vous présenter les conclusions de notre 11ème étude annuelle sur la performance en matière de reporting climat de certaines des plus grandes entreprises au monde.
Avec moins de 10 ans pour agir de façon décisive sur le dérèglement climatique, le rôle des entreprises dans la transition vers zéro émission nette n’a jamais été aussi important. Il est plus urgent que jamais qu’elles adoptent des stratégies solides et qu’elles tiennent les engagements pris.
Dans notre étude, nous mettons en lumière les entreprises leaders en matière de reporting et d’action climatiques au sein de l’EURO STOXX 50, du DOW 30 et du FTSE 100.
Vous découvrirez :
L’édition française de cette étude est une synthèse du rapport global à laquelle nous avons ajouté l’analyse des entreprises françaises au sein de l’EURO STOXX 50.
Le rapport global (en anglais) est disponible en téléchargement ici.