Rapport IEA : Impacts du COVID sur les investissements énergétiques et alignement sur une trajectoire zéro émission nette

L’Agence internationale de l’énergie (IEA) a comparé son nouveau scénario pour atteindre zéro émission nette d’ici à 2050 avec les tendances actuelles en matière d’investissements énergétiques ; résultats : les écarts sont importants. L’IEA a été particulièrement active ces dernières semaines. En effet, après la publication des rapports « The Role of Critical Minerals in Clean Energy ...

Jordan Hairabedian

8 Juin 2021 5 minutes de lecture

L’Agence internationale de l’énergie (IEA) a comparé son nouveau scénario pour atteindre zéro émission nette d’ici à 2050 avec les tendances actuelles en matière d’investissements énergétiques ; résultats : les écarts sont importants.

L’IEA a été particulièrement active ces dernières semaines. En effet, après la publication des rapports « The Role of Critical Minerals in Clean Energy Transitions » et « Net Zero by 2050 » en mai, une nouvelle étape a été franchie la semaine dernière avec la publication du World Energy Investment 2021.

Ce rapport de 64 pages fait écho à l’impact de la crise du Covid sur les investissements énergétiques tout en analysant les écarts entre les dépenses actuelles du secteur et leur récent scénario zéro émission nette (NZE).

 

Un rebond des investissements énergétiques mondiaux en 2021

Les investissements énergétiques mondiaux annuels devraient atteindre 1,9 billion de dollars en 2021. Bien que les investissements dans la production de carburants traditionnels aient été les plus touchés par la crise du coronavirus l’année dernière, un rebond est déjà attendu.

Un coup de pouce aux énergies « plus propres » grâce aux plans de relance post-Covid

Les solutions énergétiques « plus propres » ont bénéficié de la crise sanitaire, passant de 35 % des investissements énergétiques totaux entre 2017 et 2019 à 40 % en 2020. Cela signifie toutefois que les énergies fossiles conservent encore une place prépondérante avec 60 % des investissements, ce qui n’est pas compatible avec une trajectoire zéro émission nette conforme à l’Accord de Paris.

investissements énergétiques

En regardant de plus près les tendances du marché, on remarque que trois secteurs sont mis en évidence :

  • L’électricité : les énergies renouvelables comme les réseaux électriques et les batteries de stockage dominent les entrées de capitaux vers de nouvelles capacités de production d’électricité. Ces investissements sont restés robustes en 2020 compte tenu de la crise du Covid-19.
    investissement énergie par secteur
  • Le transport : le pétrole et le gaz dominent toujours les investissements liés à l’énergie, mais le marché des véhicules électriques (VE) commence à décoller. Une augmentation de 50 % des ventes de véhicules électriques a été observée en 2020, ce qui implique que ces véhicules « plus propres » représentent 4 % des ventes mondiales. Les investissements dans les carburants bas-carbone semblent trop faibles pour s’attendre à un impact global sur les émissions de GES à ce stade.
  • Le bâtiment : les investissements ont augmenté au cours de l’année 2020. 50 % ont été réalisés par l’Europe, révélant l’engagement du vieux continent dans ce secteur.

 

Un changement radical d’investissement est nécessaire pour atteindre zéro émission nette

Si certains chiffres dans les secteurs les plus émetteurs de carbone sont encourageants, seule une approche par ordre de grandeur permet de savoir si l’on est en bonne voie vers zéro émission nette ou non. L’IEA est claire sur la conclusion : un changement radical d’investissement est nécessaire au cours de cette décennie pour s’aligner sur NZE.

Les actions suivantes sont nécessaires pour rendre les investissements compatibles avec le scénario NZE sur la période 2026-2030 :

  • Les investissements pétroliers et gaziers devraient diminuer de 30 %.
  • Les dépenses en charbon doivent être divisées par cinq pour devenir compatibles le scénario NZE ou même avec le Scénario de développement durable (SDS) sur la même période.
    dépenses en charbon
  • Les investissements dans les énergies renouvelables devraient augmenter de 240 % pour s’aligner sur le scénario le plus ambitieux de l’IEA.
  • L’investissement global dans le réseau électrique devrait augmenter de 115 %.
  • L’efficacité énergétique dans les dépenses des bâtiments devrait tripler.
  • L’électrification des investissements dans les transports devrait combler l’écart de moins de 50 milliards de dollars/an aujourd’hui à plus de 500 milliards de dollars/an en 2025.

investissement zéro émission nette

Cela montre que la marge de manœuvre est importante pour que le marché de l’énergie s’aligne sur une trajectoire zéro émission nette à l’échelle mondiale.

Pour résumer, si certaines données peuvent aujourd’hui être encourageantes concernant la reprise économique post-Covid et les investissements dans les énergies renouvelables, l’IEA mentionne que « le monde est loin du chemin à suivre pour éviter les impacts les plus sévères du changement climatique. »

 

Atteindre zéro émission nette nécessite de solides investissements en R&D

La Recherche et Développement (R&D) doit être l’une des pierres angulaires pour rehausser l’ambition de chaque acteur économique. Des efforts importants doivent être poursuivis dans ce domaine : les dépenses de R&D des entreprises liées à l’énergie ont baissé d’environ 2 % en 2020, alors qu’elles étaient en augmentation depuis 2015. Aujourd’hui, les entreprises sont loin d’accompagner la transition vers l’élimination progressive des énergies conventionnelles :

  • Les secteurs de l’automobile, du pétrole et du gaz attirent toujours les deux tiers des investissements privés en R&D énergétique.
  • Les entreprises investissent autant dans la production de combustibles fossiles que dans les énergies renouvelables.

Tant les investissements publics/privés que la coopération internationale semblent essentiels pour conduire le changement.

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