Étude de cas Secteur du luxe
EcoAct a accompagné un acteur international du secteur du luxe dans l’analyse du risque financier lié à la double contrainte sur le fret dans une trajectoire mondiale respectant l’Accord de Paris : l’implémentation progressive de prix du carbone sur les carburants fossiles et les surcoûts initiaux liés à la transition vers des technologies de transport bas-carbone.
Notre client, acteur majeur du secteur du luxe, est confronté à de nombreux défis liés au changement climatique. EcoAct a mené une étude approfondie via une cartographie des risques sur l’ensemble de sa chaîne de valeur, de l’impact sur la matière première (disponibilité, coût) jusqu’aux magasins, en incluant l’analyse des risques sur le fret.
Cette cartographie des risques s’est réalisée dans une logique de double matérialité en suivant le cadre de la TCFD et de la CSRD. L’analyse de chaque maillon de la chaîne de valeur s’est faite à la fois sur l’impact de l’entreprise sur le changement climatique via les émissions de gaz à effet de serre (GES), et sur l’impact du changement climatique sur l’activité de l’entreprise via l’analyse des risques.
Parmi les risques majeurs identifiés, le fret est à la fois un vecteur important d’émissions de GES pour l’entreprise et est sensible aux risques liés au changement climatique. Deux types de ces risques existent : les risques physiques et les risques de transition.
Lors de cette mission, l’enjeu principal analysé a été celui de l’augmentation des coûts du fret dans un monde qui se décarbone via une double contrainte : la hausse du prix du carbone sur les énergies fossiles et les surcoûts initiaux liés à la décarbonation des transports. Cela constitue un risque de transition qui devrait toucher toutes les entreprises avec un coût du fret important. Notre client a estimé que le transporteur lui répercuterait l’intégralité du surcoût, et a souhaité déterminer l’évolution financière des différentes motorisations pour mieux orienter ses décisions. Tous les moyens de transport, aujourd’hui quasiment intégralement fossiles, sont impactés.
Equipe de la mission :
• Géraldine Dujardin : Directrice de mission
• Tanguy Cazin : Consultant expert en risques liés à la transition énergétique
• Emile Bonniaud : Consultant senior secteur transport et logistique
Ce projet a permis à notre client de remonter des messages forts à sa direction sur le risque financier de l’inaction et sur les opportunités à soutenir en termes de décarbonation du fret.
Pour une étude de risques qui implique par essence des projections, il est nécessaire de construire des scénarios, avec leur récit associé. Ici, trois scénarios ont été établis avec notre client :
Ces trois scénarios sont construits sur la base des SSP (Shared Socio-economic Pathway) du GIEC indiqués ci-dessous :
Une fois ces scénarios définis, EcoAct a mené une étude approfondie sur chacun des moyens de transport du client : le fret aérien, maritime, routier et ferroviaire. Cette étude a cherché à construire des projections d’évolution du coût du fret en prenant en compte deux critères : l’évolution des modes de motorisation au sein de chaque moyen de transport (ex : du camion diesel au camion électrique) et l’évolution du coût de chaque mode de motorisation pour le transport (coûts associés à un camion diesel et à un camion électrique).
Pour chaque moyen de transport, une analyse de la littérature scientifique a permis de définir des trajectoires d’évolution des modes de motorisation. Ces trajectoires ont ensuite été associées à chacun des trois scénarios définis par EcoAct. Les sources les plus récentes et reconnues ont été prises en compte : World Energy Outlook de l’IEA, divers travaux d’organisations spécialistes du domaine comme l’ICCT, IRENA, UMAS…
Exemple des modes de motorisations / carburants analysés dans le cadre de cette étude :
Exemple de scénario d’évolution des modes de motorisation pour le fret routier :
Pour évaluer le coût du transporteur au plus proche de la réalité, l’indicateur pris en compte est le Total Cost of Ownership (TCO).
Exemple de postes de dépenses intégrés au TCO :
Les CAPEX représentant les immobilisations (dépenses d’investissement) tandis que les OPEX sont les charges courante qu’une entreprise peut avoir.
Afin d’appliquer ce coût aux données du client, ce TCO est calculé en €/tonne.km, c’est-à-dire en coût pour transporter une tonne de marchandises sur un kilomètre.
Cette analyse croisée fournit ainsi pour les trois scénarios l’évolution du coût du fret aérien, maritime, routier et ferroviaire global et par mode de motorisation pour le client, à horizon 2030 et au-delà. Il est important de noter ici que ces coûts, notamment sur la mise en place de prix carbone, sont régionalisés en fonction de la destination de départ et d’arrivée du fret de l’entreprise.
Exemple de l’évolution du TCO pour le fret routier (en €/t.km) :
Dans cet exemple, le TCO du fret routier via camion électrique décroit, notamment grâce à la baisse des coûts de CAPEX liés à l’achat et au financement des véhicules, tandis que le TCO via camion au diesel augmente, impacté par le prix carbone. Ainsi, dans ce scénario, le coût de l’inaction devient supérieur au coût de décarbonation du fret à partir de 2028.