Le rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) accompagné d’un « résumé à l’intention des décideurs » a été rendu public le 8 août 2019. Malgré sa richesse et le travail colossal accompli avec ses 107 auteurs, 30 000 commentaires analysés et 52 pays représentés, il n’échappe pas à la règle de consensus qui affaiblit notamment la portée de son résumé destiné aux décideurs.
Pourtant, son impact sur l’économie, sur la sécurité alimentaire et sur la stabilité mondiale est potentiellement gigantesque. C’est avec cette conviction que nous vous proposons un décryptage de ses conclusions qui sont tout aussi alarmantes qu’encourageantes. Car chaque mois passé sans un usage adapté des terres rendra plus difficile l’adaptation et le respect des objectifs de l’Accord de Paris. Mais, ce rapport apporte aussi pléthore de solutions.
Si l’utilisation des terres est essentielle à la vie humaine, elle a aussi un impact fort sur le changement climatique. L’humanité exploite 30% des terres, mais son activité affecte directement plus de 70% des terres avec des conséquences néfastes considérables. En effet, l’homme est responsable de la dégradation de 25% des terres.
Le message clé consiste en un appel à changer l’usage des terres pour lutter contre le changement climatique. Alors que l’usage des terres génère des émissions massives de GES (23% des émissions mondiales, soit 12 Gt sur 50 Gt/an), il recèle aussi, paradoxalement, un potentiel de solutions à la crise climatique, telles que les puits de carbone capables d’absorber une partie de ces émissions.
Le rapport présente des chiffres effarants : 30% de l’alimentation mondiale produite est gaspillée, 2 milliards d’humains sont en surpoids ou obèses alors que 800 millions souffrent de malnutrition. 500 millions de personnes souffrent directement de la désertification galopante.
Sans un changement majeur, la stabilité de l’approvisionnement en nourriture est fortement affectée avec l’augmentation du changement climatique : chute de productivité, augmentation des prix, accroissement des conflits, insécurité alimentaire et faim. Elle touchera directement les plus vulnérables.
Le rapport présente de très nombreuses solutions climato-compatibles pour un meilleur usage des terres : gestion durable de l’élevage et de la forêt, reforestation, bioénergies, préservation des tourbières et des mangroves, modification de notre alimentation, BECCS (bioénergies avec capture et stockage de carbone), réduction des pertes alimentaires, amélioration de la productivité de l’élevage et de l’agriculture, etc. avec à la clé de multiples bénéfices sociaux, environnementaux et économiques.
Les actions peuvent être prises sur le court terme, en s’appuyant sur des connaissances actuelles, tout en soutenant des objectifs de long terme. Sans oublier que l’adaptation et la réduction des émissions de GES dans le domaine de l’usage des terres devraient être renforcées par la formation, l’éducation, le transfert de technologie et le déploiement de mécanismes financiers.
La solution miracle n’existant pas, il est essentiel que ces différentes mesures soient mises en place sans attendre et en impliquant les acteurs publics, les entreprises et les citoyens.
Le rapport met l’accent sur la nécessité d’exploiter le potentiel de puits de carbone des terres, en développant les solutions d’afforestation (plantations de forêts où il n’y en a jamais eu par le passé, contrairement à la reforestation), de bioénergies et de BECCS, tout en mettant en garde contre leur utilisation excessive pour ne pas entrer en compétition avec les terres cultivées au risque d’exacerber une insécurité alimentaire.
Cette solution est donc indispensable, à condition d’être implémentée avec modération et de concert avec un ensemble d’autres préconisations.
Se tourner vers un régime alimentaire végétarien, très présent dans les médias et permettant de réduire entre 1,3% et 10% des émissions mondiales, est une solution parmi les autres. Le GIEC appelle à une révolution globale des comportements.
A titre de témoignage sur cette évolution, EcoAct constate depuis l’année dernière une prise de conscience très marquée, voire un affolement, d’acteurs économiques dans de nombreux secteurs touchés directement par le changement climatique : pêche, cosmétique, agroalimentaire, énergie, logistique.
Les règlementations sont plus fortes, les consommateurs plus vigilants, mais surtout de nombreuses entreprises rencontrent des difficultés d’approvisionnement en matières premières (difficultés croissantes et directement liées au changement climatique). Les analyses de risques climatiques, de sécurisation des filières, les analyses économiques ou de réductions d’émissions sur sa chaîne de valeur se multiplient.
D’innombrables matières premières et ressources sont touchées par le changement climatique, nous exposant aux problèmes d’approvisionnement, mais avant tout affectant nos moyens de subsistance. Les effets des évènements climatiques extrêmes (sécheresses augmentant de 1% par an, vagues de chaleurs, inondations, vents, augmentation du niveau de la mer, cyclones, incendies) sont désastreux pour les terres, la biodiversité et l’économie.
« Retarder l’action entraînerait des impacts irréversibles sur les écosystèmes, ce qui ajouterait sur le long terme des émissions de GES substantiels dans l’atmosphère, accélérant le réchauffement climatique » (page 41, D3.3) tel est l’avertissement final du résumé. L’impact sera donc catastrophique, si le monde politique et économique ne prend pas la mesure de ce risque et ne met pas en place les recommandations de ce rapport incontournable.
Pour découvrir le décryptage du co-fondateur d’EcoAct, en son intégralité, cliquez ici et partagez-le pour en maximiser la portée !
L’action climatique efficace commence par une compréhension des concepts fondamentaux. Avec notre nouveau lexique, nous vous proposons de faire le point sur les définitions clés de la neutralité carbone.
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