Le nouveau rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) montre l’importance de protéger la biodiversité dans le cadre de la lutte contre le dérèglement climatique notamment en utilisant les solutions fondées sur la nature (NBS). L’équipe Recherche & innovation d’EcoAct a examiné les avantages d’aborder ces deux aspects ensemble.
Si les questions relatives au climat et à la biodiversité ont longtemps été gérées séparément, on constate aujourd’hui un intérêt croissant pour le développement d’une gestion intégrée afin d’accélérer l’action des décideurs politiques et des organisations. Publié en juin 2021, le rapport « Biodiversité et changement climatique – résultats scientifiques » est la première collaboration entre des experts du GIEC et de l’IPBES, financée par les gouvernements du Royaume-Uni et de la Norvège. Il souligne que la perte de biodiversité et le changement climatique doivent être traités ensemble si nous voulons atteindre nos ambitions climatiques et environnementales mondiales.
Depuis les années 1970, le développement durable suscite des préoccupations internationales, gravitant autour des enjeux du changement climatique et de la biodiversité. Dans le rapport Brundtland (1987), il était décrit comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Cette approche macroscopique avait pour ambition de flécher la croissance vers un avenir résilient pour tous.
Néanmoins, aujourd’hui, d’énormes écarts subsistent entre la théorie et le monde réel. Les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère augmentent, tandis que la biodiversité s’effondre. Ces deux sujets environnementaux ont longtemps été gérés séparément, ce qui a eu un impact négatif sur l’un et l’autre. Ce rapport pourrait marquer un tournant en permettant d’aborder les deux sujets ensemble avec plus d’efficacité. Il démontre la nécessité de fusionner ces défis, en citant de multiples facteurs tels que la pollution et le changement d’affectation des sols/de la mer qui ont un impact significatif sur le climat et la biodiversité.
Figure 1 : Facteurs indirects et directs de la perte de biodiversité et du changement climatique dus aux activités humaines
Selon le rapport, « la protection et la restauration des écosystèmes riches en carbone constituent la priorité absolue dans une perspective conjointe d’atténuation du changement climatique et de protection de la biodiversité ». Quatre piliers d’action sont identifiés comme étant essentiels pour accroître les avantages pour le climat et la nature :
La combinaison des actions positives pour le climat et la biodiversité montre qu’elle peut aboutir à l’atténuation du dérèglement climatique ainsi qu’à l’adaptation et à la protection de la biodiversité en tant que services écosystémiques.
Bien que certaines actions soient bénéfiques pour le climat et la nature, il est faux d’extrapoler les résultats en affirmant que toutes les actions d’atténuation améliorent les services écosystémiques et vice-versa. Le GIEC et l’IPBES préviennent clairement que la réduction des émissions peut parfois contribuer à l’effondrement de la biodiversité :
Figure 2 : Diagramme représentant les effets positifs et négatifs des actions visant à atténuer le changement climatique sur les actions visant à atténuer la perte de biodiversité (en haut), et des actions visant à atténuer la perte de biodiversité sur les actions visant à atténuer le changement climatique (en bas).
Les lignes bleues représentent les effets positifs, tandis que les lignes oranges représentent les effets négatifs.
Cela montre que la grande majorité des actions impliquent des co-bénéfices positifs dans les deux sens. Les principaux avertissements concernent le boisement, la bioénergie, le BECCS (bioénergie avec captage et stockage de dioxyde de carbone) et l’hydroélectricité en tant qu’actions d’atténuation, avec le potentiel de nuire à la biodiversité (perte d’écosystèmes naturels, gestion des incendies, pression sur les écosystèmes). Néanmoins, les actions en faveur de la biodiversité ont presque toujours des effets bénéfiques sur le climat.
C’est pourquoi il est essentiel de mener des évaluations du cycle de vie des projets d’atténuation et des projets axés sur la biodiversité. Seule une approche multicritères permettra de garantir des co-bénéfices solides pour le climat et la nature. Connaître et reconnaître les compromis permettra une gestion intégrée intelligente pour une réduction optimale des émissions de gaz à effet de serre associée à la conservation de la biodiversité.
Au niveau mondial, 2021 devrait être une année charnière pour le climat, avec l’organisation du congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature en septembre (France), la COP15 sur la biodiversité en octobre (Chine) et la COP26 pour le climat en novembre (Royaume-Uni). Dans le secteur privé, les entreprises sont encouragées à combiner les questions relatives au climat et à la nature, et avec les objectifs fondés sur la science (SBT) pour la nature qui devraient arriver en 2022, c’est un premier pas vers des SBT intégrés pour tous les aspects de la nature comme la biodiversité, le climat, l’eau douce, la terre et l’océan.
Ce rapport démontre clairement qu’il est bien plus efficace de lutter conjointement contre la perte de biodiversité et le changement climatique plutôt que d’adopter l’approche historique cloisonnée. Le message est clair : la longévité de nos sociétés et de nos économies dépend de notre capacité à changer notre approche. Chez EcoAct, société du groupe Atos, nous espérons vivement que le rapport sera pris au sérieux et que ses lignes directrices seront intégrées dans les stratégies de résilience des entreprises et des gouvernements afin que les ambitions climatiques mondiales puissent être atteintes.
A l’issue de la COP 15 pour la biodiversité qui s’est tenue en décembre 2022, l’Accord mondial de Kunming-Montréal a vu le jour pour fixer des objectifs mondiaux de lutte contre le déclin de la biodiversité. Ces cibles encouragent notamment les entreprises à évaluer, prendre en compte et communiquer sur les risques, les dépendances et les impacts sur la biodiversité.
A l’image des cadres volontaires qui incluent de plus en plus les enjeux sur la sauvegarde de la nature, nous nous attendons également à voir le paysage réglementaire évoluer pour les prendre en compte.
Pour vous accompagner dans la compréhension, la mesure et la réduction de vos impacts et de vos dépendances à la biodiversité, vous trouverez dans cette fiche d’information :