Pression sur les ressources, obsolescence programmée, déchets qui s’amoncellent dans les océans : la question de nos modes de production et de consommation est aujourd’hui au cœur des débats. De plus en plus, entreprises et territoires s’engagent à travers l’économie circulaire.
Le 11 janvier dernier, la Chine a officiellement interdit l’importation de 24 catégories de déchets solides dont certains plastiques, papiers et textiles. Cette décision aura un impact très fort sur l’économie européenne qui exporte en effet la moitié de ses plastiques collectés et triés, dont 85% vers la Chine.
Pour y faire face, le premier défi consiste à optimiser l’organisation de la filière et des infrastructures de recyclage afin de traiter nous-mêmes les déchets que nous produisons. La France est en retard sur le sujet : avec seulement 22% des déchets collectés qui sont recyclés, l’hexagone se situe en dessous de la moyenne européenne (31,1%).
Mais le développement de la filière du recyclage pourrait ne pas être suffisant : alors que la pression globale sur les matières premières ne cesse d’augmenter, les entreprises doivent aujourd’hui inventer réinventer leur business model.
L’économie circulaire représente une alternative au modèle de l’économie linéaire (extraire, fabriquer, consommer, jeter). Elle consiste à produire de manière durable, en limitant au maximum la pression en amont sur les ressources, en optimisant la durée de vie des services et des produits et en réutilisant produits ou matériaux à la fin de leur cycle de vie. Au-delà du recyclage lui-même, le développement de l’économie circulaire passe donc par l’éco-conception, la maintenance, la réparation et le ré-emploi de tous nos produits et services.
L’économie circulaire représente une formidable opportunité en termes de croissance et de création d’emplois. En effet, selon la fondation Ellen Macarthur, seuls 20% des matériaux issus des biens de consommation sont aujourd’hui réutilisés. Accenture estime pour sa part que l’économie circulaire représente un gisement de 5,5 milliards de $ de croissance d’ici 2030.
En 2017, Adidas s’est associé à Parley pour concevoir une ligne de chaussures et de vêtements, produits avec des imprimantes 3D, à partir de plastique récupéré dans les océans. Une paire de chaussures nécessite 11 bouteilles de plastique ainsi que des restes de filet de pêche et d’autres matériaux récupérés sur les côtes. Adidas visait en 2017 la production d’un million de paires de chaussures de ce type.
Chaises fabriquées à partir de bouteilles usagées, écrans de téléphones transformés en verrerie haut de gamme : en septembre 2017, lors du London Design Festival, la start-up Pentatonic a présenté une collection de meubles créés à partir de déchets. Pentatonic ambitionne de « transformer radicalement notre culture de la consommation » à travers une gamme de produits issus de déchets organiques, électriques, plastiques et textiles. L’entreprise va également plus loin dans la promotion de l’économie circulaire en permettant à ses clients de lui revendre leurs produits Pentatonic pour les réutiliser ou les recycler.
Sommes-nous à l’aube d’un changement fondamental de nos modes de production et de consommation ? L’économie circulaire pourrait en tout cas représenter un levier majeur pour reconnecter performance économique et protection de l’environnement et ouvrir la voie à un futur plus durable.