Investissement Responsable : de la recommandation à l’obligation !

L’initiative de l’ONU « Principes pour l’Investissement Responsable » fait un pas vers l’obligation du reporting de la performance climatique de ses signataires. La nouvelle obligation pour les signataires des « Principes pour l’Investissement Responsable » (Principles for Responsible Investment, PRI) de produire des rapports alignés sur les recommandations de la TCFD à partir de 2020 constitue une avancée ...

Magdalena Mazurek

15 avr 2019 4 minutes de lecture

L’initiative de l’ONU « Principes pour l’Investissement Responsable » fait un pas vers l’obligation du reporting de la performance climatique de ses signataires.

La nouvelle obligation pour les signataires des « Principes pour l’Investissement Responsable » (Principles for Responsible Investment, PRI) de produire des rapports alignés sur les recommandations de la TCFD à partir de 2020 constitue une avancée pour le climat. Les organisations sont ainsi plus fortement encouragées à effectuer une analyse de scénarios climatiques pour comprendre la résilience de leurs résultats financiers.

Pas encore signataire ? Les « Principes pour l’Investissement Responsable », c’est quoi ?

Les « Principes pour l’Investissement Responsable » constituent une initiative lancée par des investisseurs en partenariat avec l’Initiative financière du PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) et le Pacte Mondial de l’ONU en 2006. L’initiative PRI a vocation à promouvoir les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance d’entreprise (ESG) et une meilleure transparence dans les décisions d’investissement et d’actionnariat. Elle facilite une coopération au sein d’un réseau international de signataires dans l’objectif d’appliquer les six PRI. EcoAct, signataire de cette initiative, place ces principes à la fois au cœur de son activité de conseil au service du climat et de sa propre stratégie d’entreprise.

Ces principes fournissent un cadre offrant un éventail d’actions possibles pour incorporer les enjeux ESG au processus décisionnel d’investissement. La recommandation évolue vers l’exigence. Plus précisément, certains indicateurs alignés sur les recommandations de la TCFD deviennent obligatoires dès 2020. Si l’impact est direct sur les 2200 signataires de l’initiative, sa portée dépasse ce réseau et conforte la tendance internationale vers la généralisation de l’obligation du reporting ESG. 

Qu’est-ce que les recommandations TCFD ?

Le groupe de travail international sur la transparence des risques financiers liés au climat (Task Force on Climate-related Financial Disclosures, TCFD), créé à la demande des dirigeants du G20 en 2015, a publié ses recommandations en 2017 afin d’encourager une information financière cohérente, fiable et claire sur le climat. Les recommandations de la TCFD engagent à mieux prendre en compte les risques et les opportunités du changement climatique pour un modèle financier mondial plus durable.

En effet, le dérèglement climatique est de plus en plus intégré comme un risque financier. Près de 300 investisseurs représentant 100 000 milliards de dollars d’actifs, soutiennent les recommandations de la TCFD. Au total, plus de 500 organisations ont appliqué ces préconisations. Toutefois, actuellement, cela relève d’une action volontaire pour la plupart d’entre elles.

En outre, ces lignes directrices continuent leur percée au sein d’autres cadres de reporting. Les recommandations portent sur quatre thématiques spécifiques :

  • Gouvernance,
  • Stratégie,
  • Gestion des risques et
  • Mesures et objectifs.

Concrètement, qu’est-ce qui devient obligatoire ?

Les indicateurs relatifs à la gouvernance et à la stratégie deviendront obligatoires à partir de 2020. C’est en 2018 que l’initiative PRI a introduit des indicateurs alignés sur les recommandations de la TCFD, reconnaissant ainsi l’importance de la prise en compte du risque climatique. Bien que les autres indicateurs de la TCFD restent volontaires, tout indique qu’ils vont évoluer également vers une obligation au fur et « à mesure que les bonnes pratiques se développent« .

Comment s’y préparer ?

Pour commencer, nous vous recommandons d’évaluer vos lacunes par rapport aux préconisations de la TCFD. D’abord, il est essentiel de comprendre ce qui est attendu de votre organisation. Ensuite, il faut évaluer la maturité de la stratégie et de la gouvernance par rapport au changement climatique au sein de votre entreprise. Cet exercice peut aboutir à de nouveaux processus et faire émerger des initiatives en faveur du climat. L’identification et la mise en place de ces nouvelles mesures vous permettent non seulement de satisfaire aux exigences de reporting, mais aussi d’aider votre organisation à se transformer face aux enjeux climatiques.

Une portée plus large

Au-delà de l’avancée que cette décision de la PRI représente pour l’intégration du changement climatique dans l’activité financière, les recommandations de la TCFD s’imposent comme une référence permettant la convergence des cadres de reporting internationaux.

Cela remet à l’ordre du jour le besoin pressant d’un langage commun et d’une harmonisation des cadres de reporting. Les membres des Principes pour l’investissement responsable travaillent, par ailleurs, sur cette question, à l’instar de l’UE dans le cadre de son plan d’action emblématique sur la finance durable.