La SBTi lance un nouveau cadre méthodologique pour les institutions financières

Pour décarboner l’économie mondiale conformément aux objectifs de l’accord de Paris, fixant une élévation de la température moyenne à 1,5 °C ou nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, tous les acteurs économiques doivent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) à un rythme en ligne avec les ...

Gauthier Faure

19 oct 2020 5 minutes de lecture

Pour décarboner l’économie mondiale conformément aux objectifs de l’accord de Paris, fixant une élévation de la température moyenne à 1,5 °C ou nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, tous les acteurs économiques doivent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) à un rythme en ligne avec les dernières préconisations scientifiques afin d’atteindre l’objectif mondial zéro émission nette d’ici à 2050.

Les acteurs financiers sont appelés à jouer un rôle moteur dans cette transition vers une économie bas-carbone et résiliente au changement climatique. A travers leurs financements et investissements, ils ont en effet la possibilité de réorienter les capitaux vers des solutions concrètes d’atténuation et d’adaptation. Ce rôle de catalyseur a été défini dès 2015 dans l’accord de Paris, qui enjoint à « rendre les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques ».

Comment les acteurs financiers peuvent-ils concrètement évaluer leur contribution à l’aune des objectifs de l’accord de Paris ? Telle est la question adressée par l’initiative Science Based Targets à travers son cadre méthodologique pour les institutions financières « Framework for Financial Institutions », officiellement lancé le 1er octobre après deux ans de consultation avec un groupe d’experts, auquel EcoAct a contribué.

Qu’est-ce que le cadre méthodologique pour les institutions financières ?

Le but de l’initiative Science Based Targets (SBTi) est de proposer des solutions concrètes aux organisations afin qu’elles s’engagent à réduire leurs émissions selon des objectifs alignés sur la science (SBT), suivant donc des trajectoires de réchauffement limitées à 1,5 °C ou 2 °C. Avec le cadre méthodologique pour les institutions financières, la SBTi livre un cadre complet permettant aux acteurs financiers de se fixer des objectifs SBT adaptés aux spécificités de leurs activités. Il comprend des méthodologies d’alignement, des outils techniques, des critères, ainsi qu’un guide pratique.

Ce cadre s’adresse ainsi à une diversité d’acteurs du monde financier : les banques universelles, les gestionnaires d’actifs, les investisseurs institutionnels (dont les compagnies d’assurance et les fonds de pension), les sociétés d’investissement immobilier cotées et autres financeurs de projets dans les secteurs de la production d’électricité et de l’immobilier. Près de 60 acteurs financiers se sont déjà engagés à fixer des objectifs SBT en utilisant ce dispositif.

Quels types d’émissions doivent être pris en compte dans la définition des SBT ?

Les objectifs de réduction fixés par les acteurs financiers devront couvrir les émissions suivantes :

  • 95 % minima des émissions de Scope 1 (émissions directes) et Scope 2 (émissions indirectes liées à l’achat d’électricité, de chaleur ou de vapeur) 
  • Pour le Scope 3, les émissions liées aux financements et investissements (catégorie 15 des émissions de GES) devront être incorporées avec des critères fixés par classe d’actif tels que les prêts de long terme aux entreprises, les portefeuilles d’actions cotées ou encore les investissements dans les secteurs de l’immobilier par exemple. La prise en compte des 14 autres catégories du Scope 3, moins significatives pour les acteurs financiers, est optionnelle.

Quelles sont les méthodes disponibles pour les émissions liées aux portefeuilles d’actifs ?

Le cadre propose trois types de méthodes :

  • Une approche sectorielle, dite « Sectoral Decarbonization Approach » (SDA), qui concerne les financements et investissements réalisés dans des secteurs clés de la transition, tels que l’immobilier et la génération d’électricité. La trajectoire de portefeuille définie suit des objectifs d’intensité physique (par exemple en kgéqCO2/m2 ou kgéqCO2/kWh) alignés sur les scénarios 2 °C (B2DS) de l’Agence internationale de l’énergie (IEA).
  • Une approche de couverture de portefeuille, dite « SBTi Portfolio Coverage Approach »qui encourage les acteurs financiers à définir des cibles d’engagement avec leurs émetteurs et contreparties afin que 100 % des entreprises de leurs portefeuilles disposent d’objectifs SBT validés d’ici à 2040, selon une progression linéaire.
  • Une approche de mesure de température de portefeuille, dite « Temperature Rating Approach », qui permet d’aligner son portefeuille sur une trajectoire linéaire de réduction débouchant sur une température inférieure à 2 °C en 2040 (objectif 1,5 °C recommandé).

L’usage de ces méthodes dépend des classes d’actifs considérés :

  • Actifs immobiliers : SDA
  • Prêts immobiliers : SDA
  • Financement de projets de production d’électricité : SDA
  • Actions, obligations et prêts aux entreprises : trois méthodes possibles

Les SBT doivent couvrir une période de 5 à 15 ans à partir de la soumission de l’objectif auprès de la SBTi, excepté pour l’approche de couverture de portefeuille et celle de mesure de la température de portefeuille qui couvrent 5 ans. La définition d’objectif de long terme (jusqu’en 2050) est cependant fortement recommandée par l’initiative afin de mesurer au mieux les progrès qui feront l’objet d’un suivi et d’un reporting annuels.

En 2019, EcoAct, partenaire SBT de catégorie Gold par le biais du CDP, a accompagné plus de 25 organisations dans la définition de leurs science-based targets ! Si vous souhaitez également vous faire accompagner dans l’établissement de votre SBT, n’hésitez pas à nous contacter afin d’être mis.e en contact avec un.e de nos expert.es !

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