Le décryptage d’Anouk Faure, experte du marché carbone pour EcoAct, activité Eviden, du 8ème rapport annuel sur l’état du système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne (SEQE-UE, EU ETS) : «?State of the EU ETS?».

Ce rapport, publié aujourd’hui, s’inscrit dans un changement de paradigme sur les enjeux de limiter le réchauffement climatique. Le dernier rapport d’évaluation du GIEC nous alertait que l’objectif de 1,5 °C étant déjà hors de portée, nous sommes plus que jamais dans l’urgence d’actionner l’ensemble des leviers politiques et économiques pour en limiter les conséquences sur nos sociétés.

La réforme de l’EU ETS, en tant qu’outil majeur de la politique climatique européenne, s’inscrit dans cette accélération : baisse du plafond d’émissions, couverture de nouveaux secteurs et suppression des quotas gratuits. Notamment, la réforme marque un changement de paradigme pour accélérer la décarbonation de l’industrie.

Dans cette transition, l’Europe se trouve face à un dilemme entre la compétitivité de son industrie, et l’envoi d’incitations suffisamment fortes pour pousser l’industrie à accélérer sa décarbonation. Le CBAM (Carbon Border Adjustment Mechanism) est un instrument précurseur en la matière et EcoAct salue sa mise en œuvre prochaine. Mais, selon Anouk Faure, certains paramètres devront être réévalués, comme la couverture des émissions indirectes, l’extension à de nouveaux secteurs et produits des chaînes de valeur.

Si son efficacité pour endiguer les fuites de carbone dans les marchés à l’export est discutée, les études industrielles reconnaissent sa nécessité pour protéger l’industrie européenne et accélérer la décarbonation de l’EU. Les résultats de l’étude montrent que si le secteur manufacturier doit se préparer à une augmentation du coût du carbone, ce dernier peut également être stabilisé grâce à une décarbonation du secteur alignée avec le nouvel objectif de l’EU ETS.

A ce titre, la redistribution des revenus des enchères débloqués par la fin des quotas gratuits à ces secteurs, qui sont aujourd’hui majoritairement alloués à d’autres mesures climatiques et sociales, est donc cruciale pour limiter les coûts de la transition pour les entreprises, mais aussi pour les ménages qui seront les plus exposés