La méthode Carbon Agri voit le jour

Carbon Agri : une méthode de suivi des réductions d’émissions pour l’élevage bovin et les grandes cultures Lors du Sommet de l’Elevage qui s’est tenu il y a quelques jours dans le Puy-De-Dôme, la filière bovine a fait part des difficultés majeures et croissantes des agriculteurs français liées aux événements climatiques (canicule puis sécheresse) cumulés au ...

Roman de Rafael

10 oct 2019 5 minutes de lecture

Carbon Agri : une méthode de suivi des réductions d’émissions pour l’élevage bovin et les grandes cultures

Lors du Sommet de l’Elevage qui s’est tenu il y a quelques jours dans le Puy-De-Dôme, la filière bovine a fait part des difficultés majeures et croissantes des agriculteurs français liées aux événements climatiques (canicule puis sécheresse) cumulés au contexte économique difficile (chute des cours de la viande, compétition internationale) et au risque législatif avec la réforme post-2020 de la PAC.

La filière joue pourtant plusieurs rôles essentiels que ce soit pour l’indépendance alimentaire, le maintien des paysages et des terroirs, ou encore pour la vitalité économique du monde rural. Son poids dans les émissions de gaz à effet de serre (GES) nationales peut être diminué par un ensemble de mesures qui favorisent la résilience économique et sociale des exploitations grâce à l’adoption de pratiques agroécologiques.

Fort de ces constats, le Label bas-carbone a officialisé la sortie d’une nouvelle méthode portée par la filière élevage (Idèle, CNIEL, CNE, Interbev) : Carbon Agri. Cette méthode permettra de soutenir la filière en récompensant le déploiement des pratiques innovantes et vertueuses sur le territoire français.  

Un cadre pour accompagner la transition agroécologique

Le déploiement d’un cadre robuste de suivi des émissions ouvre la possibilité aux organisations de soutenir la transition écologique tout en bénéficiant de réductions d’émissions reconnues par l’Etat pour atteindre un objectif de neutralité carbone. Les entreprises de l’agro-alimentaire peuvent de cette façon soutenir leurs parties prenantes locales et investir dans leurs chaînes de valeur.  De leurs côtés, les pionniers de l’agroécologie reçoivent des financements en échange de la mise en œuvre d’actions dont les effets sur les GES sont vérifiables et quantifiables.

La méthode élaborée permet en effet de mesurer les émissions de GES de référence des systèmes bovins producteurs de lait et/ou de viande ainsi que de grandes cultures selon une approche « Analyse du Cycle de Vie » et de la comparer à un scénario de réduction d’émissions. Ce scénario de réduction d’émissions est calculé grâce aux 28 leviers d’action identifiés dans la méthode, et qui permettent chacune de réduire jusqu’à 5% des émissions de l’exploitation. Ces actions couvrent l’ensemble des activités agricoles (gestion et alimentation du troupeau, gestion des déjections animales, consommation d’engrais et d’énergie, gestion des cultures). La méthanisation des déjections animales en biogaz, le remplacement du soja par le colza dans l’alimentation bovine ou encore le développement des prairies permanentes font par exemple partie des actions qui seront valorisées en unité de réduction d’émissions.

La méthode du Label permet donc de mesurer les résultats des efforts volontaires en termes de réductions d’émissions (CO2, CH4 & N2O) et de séquestration de carbone dans les sols, dans les arbres et dans les haies. Chaque projet peut englober une ou plusieurs exploitations qui mettent en œuvre un ou plusieurs leviers d’action. Les émissions réduites octroyées dans le cadre du Label pourront être calculées sur un maximum de 5 ans renouvelable.

Dès 2020, les entreprises et collectivités pourront financer des actions de réduction et de séquestration dans la filière élevage

Afin de garantir la qualité des projets proposés, tant par leur impact environnemental que social et économique, les projets feront l’objet d’un diagnostic exhaustif réalisé par un auditeur externe accrédité. Les bénéfices du projet, notamment sur la biodiversité, la qualité de l’air, l’utilisation de l’eau et l’engagement dans des circuits courts, feront par ailleurs partis de l’analyse.

Une fois les réductions d’émissions vérifiées par l’auditeur, celles-ci seront certifiées par le Ministère de la Transition écologique et solidaire. Le porteur de projet pourra alors en faire bénéficier toute entreprise ou collectivité ayant financé son projet et désirant s’engager vers la neutralité carbone. Par ces financements, les organisations contribuent ainsi à améliorer les pratiques agricoles au niveau des exploitations, en réduisant l’impact des modes de production et en contribuant à une gestion durable des sols.

Cette méthode fait donc écho au rapport spécial du GIEC sur le changement climatique et l’usage des terres publié en août 2019, qui conclut que l’agroécologie fait partie des solutions de lutte contre l’insécurité alimentaire et le changement climatique, quand elle permet de stocker du carbone dans les sols et de rendre les terres agricoles plus fertiles.

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