Le bilan carbone de Greta Thunberg

L’adolescente suédoise est partie le 15 août avec son père à bord d’un voilier « zéro carbone », le Malizia II, afin d’assister au sommet mondial de l’ONU à New York. Il fallait éviter le recours à l’avion, moyen de transport beaucoup plus émetteur en CO2. Problème : plusieurs personnes vont devoir prendre l’avion pour New York pour ...

Magdalena Jouenne-Mazurek

21 août 2019 4 minutes de lecture

L’adolescente suédoise est partie le 15 août avec son père à bord d’un voilier « zéro carbone », le Malizia II, afin d’assister au sommet mondial de l’ONU à New York. Il fallait éviter le recours à l’avion, moyen de transport beaucoup plus émetteur en CO2.

Problème : plusieurs personnes vont devoir prendre l’avion pour New York pour ramener le bateau en Europe après la traversée de Greta Thunberg. On en déduit dès lors que le trajet aurait, au final, été bien moins polluant si les Thunbergs avaient simplement pris l’avion. Conclusion reprise abondamment sur les réseaux sociaux.

L’équipe du Malizia s’est défendu en disant que la logistique a été organisée en dernière minute. L’équipe a donc prévu que les voyages en avion soient compensés carbone. Même si la compensation est une « solution imparfaite ».

Se posent plusieurs questions :

Devait-elle aller à New York ? La réponse est oui

Elle s’y déplace pour la réunion sur le climat qui rassemblera, le 23 septembre, de nombreux chefs d’Etat et d’entreprises. Quoiqu’on en dise, elle a récemment joué un rôle majeur pour sensibiliser nombre d’acteurs politiques et économiques mondiaux, contribuant à des avancées sur le changement climatique. C’est déjà un progrès considérable. Le sommet permettra de continuer à mettre la pression sur nos dirigeants.

Comment aurait-elle dû se rendre à New York ? D’un point de vue CO2, en avion

Greta Thunberg n’avait surement pas imaginé que son bilan carbone serait, in fine, beaucoup moins bon, en tenant compte des trajets de son équipe.

Mais elle s’y refuse à titre personnel. Il était donc logique qu’elle ne prenne pas l’avion. En créant un véritable éveil des consciences, elle a déjà joué un rôle majeur dans l’inflexion du nombre de passagers sur les vols intérieurs en Suède. C’est remarquable. Et la dynamique ne fait que débuter. Si on considère son bilan carbone au sens large, elle est déjà quelque part « à émissions négatives ». Le voyage de Greta Thunberg à New York contribuera probablement à renforcer les économies de CO2 au niveau mondial…

Doit-elle compenser ses émissions ? Oui, c’est la moindre des choses

La compensation est imparfaite, oui. Mais c’est bien un moindre mal quand on émet des émissions. Bien sûr qu’il faut réduire nos émissions massivement, et les éviter autant que possible, mais il faut bien également compenser ce que nous émettons. C’est là la moindre des choses. La compensation carbone, dès lors qu’elle suit des règles strictes, permet à de véritables projets, additionnels, de voir le jour. Nombreux sont ceux, dans les pays en développement, à bénéficier de ces projets qui dépasse souvent l’impact positif sur le climat.

Conclusion

Toutes les solutions de lutte contre le changement climatique sont aujourd’hui imparfaites. Nous pourrions citer nombre d’exemples : véhicules électriques, biocarburant, énergie nucléaire, solaire, éolien. La seule solution parfaite consisterait à ne pas émettre.

Il est aujourd’hui quasiment impossible d’aller de l’autre côté de l’Atlantique en voilier. Il n’y a pas d’offres…. C’est cher (entre 10 et 20 000 euros), long (1 à 2 mois aller-retour) et probablement risqué (il faut quand même une bonne dose de courage et de conviction à une adolescente pour aller en voilier à New York aujourd’hui et demain au Chili pour la COP).

Quasiment personne ne peut se targuer aujourd’hui de n’émettre aucune émission de CO2. La compensation est bien un moindre mal, bien sûr à condition de s’engager en parallèle dans une réduction massive de nos émissions.

Nous sommes dans un monde en transition. Le monde de demain, durable, est en construction. Nous avons 20 ans pour le construire. En attendant, utilisons les solutions existantes, même imparfaites.

A suivre les articles de Gérald Maradan, CEO d’EcoAct, et à partager en cliquant ici !

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