Étude de cas Groupe Eiffage
Conscient des défis que rencontrent les différentes activités du Groupe en matière d’utilisation des ressources (eau, sols, matières premières minérales, etc.) et des impacts en aval que créent ses activités, le groupe Eiffage souhaitait à la fois se prémunir des risques liés aux atteintes environnementales potentielles, et accentuer son atout concurrentiel par l’offre bas-carbone et les savoir-faire liés à la préservation de l’environnement et de la biodiversité, ces deux enjeux – carbone et érosion de la biodiversité – étant intimement liés au défi climatique.
Ainsi, pour formaliser ses engagements devant les parties prenantes externes selon une méthodologie reconnue, le Groupe a choisi de suivre les recommandations de la TCFD. L’objectif de la TCFD est d’améliorer la transparence des entreprises en matière :
C’est un cadre de reporting fortement apprécié des investisseurs et des clients car il permet aux organisations d’exposer leur approche stratégique globale face aux enjeux du changement climatique, tout en formalisant les objectifs chiffrés de réduction d’émissions sur les différents scopes.
L’approche stratégique globale commence par l’évaluation des risques climatiques qui pèsent sur les différentes activités d’Eiffage, et l’étude de sa résilience tout au long de sa chaîne de valeur et au sein de ses portefeuilles d’actifs. Elle se poursuit par la mise en exergue des activités déjà existantes –matures ou émergentes- considérées comme durables et compatibles avec le défi climatique, activités qu’il est donc stratégique de développer encore pour décarboner le chiffre d’affaires du Groupe.
En parallèle, avec environ 5 000 nouveaux collaborateurs par an dont 2 500 jeunes diplômés, le Groupe Eiffage est un employeur majeur avec de forts besoins de recrutement dans un contexte de tension sur les métiers du BTP. Le Groupe a donc la volonté d’exposer de manière sincère et responsable sa stratégie de compatibilité climatique, en vue de rassurer les jeunes talents qui se sentent concernés par le niveau d’engagement de leur employeur en matière de précaution environnementale.
Fondé en 1993 via la fusion des sociétés Fougerolles et SAE, le groupe Eiffage compte aujourd’hui plus de 72 500 collaborateurs œuvrant au sein des huit métiers de la société : la construction, l’immobilier, l’aménagement, le génie civil, le métal, la route, l’énergie systèmes et les concessions. Le Groupe est à l’origine de nombreuses réalisations emblématiques en France telles que le viaduc de Millau, le Futuroscope ou encore le premier lycée « zéro énergie fossile » à Poitiers.
Depuis longtemps, le groupe Eiffage a intégré la dimension stratégique des enjeux de développement durable tant pour sa propre pérennité que dans l’intérêt de ses clients. Il mobilise le savoir-faire de ses ingénieurs et fournisseurs pour innover à chaque projet en proposant des offres globales bas-carbone, qui relèvent d’objectifs annuels imposées à toutes les branches métiers. La rémunération variable de ses dirigeants, à commencer par le Président-Directeur général, est impactée par la performance carbone annuelle du Groupe.
Acteur fortement engagé en faveur du climat, le Groupe Eiffage, appuyé par EcoAct, a développé une démarche concrète pour intégrer les risques et les opportunités liés au climat au cœur de son activité et pour définir un objectif de réduction des émissions aligné sur l’accord de Paris.
Notre travail avec le Groupe Eiffage s’est effectué autour de deux axes : l’établissement de la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Groupe et l’évaluation des risques et opportunités liés au changement climatique afin d’améliorer sa résilience sur le long terme.
Pour construire la stratégie de réduction des émissions de GES du Groupe, nos experts ont suivi la méthodologie de l’initiative Science-based target afin de définir un objectif de réduction ambitieux et réalisable. Cela est passé, dans un premier temps, par l’explication détaillée de la nécessité de limiter le réchauffement climatique en dessous des 2 °C par rapport au niveau préindustriel, afin de définir une trajectoire en accord avec cet objectif mondial défini par l’accord de Paris. Ensuite, un état des lieux de l’empreinte carbone des émissions directes d’Eiffage (scopes 1 et 2 – travail en cours pour les émissions indirectes relevant du scope 3) a été dressé afin de déterminer où étaient les points d’attention au sein des différentes activités du Groupe. Après cette première phase, le groupe Eiffage s’est engagé à réduire de 33% ses émissions directes d’ici à 2030 par rapport à un scénario « business-as-usual » (c’est-à-dire un scénario où les émissions de l’entreprise augmentent proportionnellement au taux de croissance annuel de celle-ci sans inclure aucune action de réduction d’émissions GES).
La définition de la trajectoire des réductions des émissions de GES du Groupe a été accompagnée de l’évaluation des risques et des opportunités liés au changement climatique et de leur intégration au cœur de la stratégie d’Eiffage. Une projection des risques a été définie conformément à ce que recommande la TCFD : un scénario pessimiste et un scénario optimiste tout en respectant l’accord de Paris. Grâce à l’analyse de ces scénarios climatiques, il a été possible d’identifier des risques physiques, caractérisés comme étant des probabilités d’aléas climatiques tels que l’inondation des carrières par exemple, ainsi que des risques de transition liés à la réglementation, au marché, à la réputation ou aux nouvelles technologies. Parmi les risques de transition, le besoin en formation des collaborateurs a, par exemple, été identifié dû à la forte mutation des métiers pour mieux répondre aux enjeux du développement durable.
Pour réaliser ces différents travaux entrepris par Eiffage, beaucoup de parties prenantes et de métiers ont dû être mobilisés. Pour ce faire, des ateliers de concertation ont été organisés par nos experts afin de recueillir les avis de chacun sur les activités à risque, de bien comprendre comment l’entreprise a déjà pu constater une vulnérabilité à certains risques et de voir si certaines données avaient déjà été recueillies (financières ou autre).
Après la définition d’une trajectoire de réduction des émissions de GES et l’analyse des risques et des opportunités liés au changement climatique, un plan d’action d’adaptation a pu être établi en mettant en avant les différents axes stratégiques pour favoriser l’économie circulaire, la construction bas-carbone, la sobriété énergétique et les écomobilités.
Tout ce travail a également été fait en amont de la publication du premier rapport climat d’Eiffage conforme aux recommandations de la TCFD.