Océan au cœur de l’action climat

Océan et Climat : le dernier rapport du GIEC appelle à une action rapide, coordonnée et durable Le 25 septembre 2019, à Monaco, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié le Rapport Spécial sur l’Océan et la Cryosphère dans le contexte du changement climatique. De façon inédite dans l’histoire du GIEC, l’océan ...

Mathilde Mignot, Emilie Alberola, Roman de Rafael

9 oct 2019 8 minutes de lecture

Océan et Climat : le dernier rapport du GIEC appelle à une action rapide, coordonnée et durable

Le 25 septembre 2019, à Monaco, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié le Rapport Spécial sur l’Océan et la Cryosphère dans le contexte du changement climatique. De façon inédite dans l’histoire du GIEC, l’océan est enfin identifié comme un enjeu majeur du changement climatique.

Ce nouveau rapport du GIEC de 900 pages dresse un bilan scientifique alarmant sur l’état de l’océan et souligne l’urgence d’une action résolue, rapide et coordonnée afin d’endiguer des changements durables et sans précédent de l’océan et de la cryosphère. Les conséquences de ces changements sur la nature et l’humanité sont « radicales et sévères » ; nous ne pouvons pas espérer lutter efficacement contre le changement climatique sans préserver la santé de l’océan.

Que retenir du rapport ?

Fonte des calottes glaciaires, hausse de la température de la mer, acidification, perte d’oxygène et montée des eaux, intensification des évènements extrêmes…en six chapitres le rapport du GIEC décrit une situation préoccupante avec pour chaque conséquence physique des causes liées à l’activité humaine.

L’océan joue un rôle clé dans la régulation du climat en limitant le réchauffement climatique à l’échelle mondiale étant à la fois un puits de carbone qui capte entre 20 et 30 % des émissions de GES d’origine anthropique, et un réservoir de chaleur, ayant absorbé 90 % de la chaleur émise depuis 1970.

En résumé, le rapport observe que :

  • L’océan se réchauffe à un rythme qui s’accélère, et à l’échelle mondiale, le réchauffement de l’océan est plus prononcé près de la surface. Depuis 1970, les 75 premiers mètres de profondeur se sont réchauffés de 0,11 °C par décennie, ce qui provoque l’apparition de vagues de chaleur océaniques qui ont un impact majeur sur la biodiversité marine. Avec des variations régionales, ce phénomène va se poursuivre au XXIème siècle et pendant plusieurs siècles.
  • Le niveau de la mer augmente plus vite que les précédentes prévisions. D’ici à la fin du siècle, il pourrait augmenter chaque année de 1,5 cm avec une hausse globale de 110 cm dans le scénario d’émissions de GES le plus critique.
  • L’océan perd de l’oxygène, de 3,5% d’ici 2100 d’après les estimations mondiales, ce qui pourrait mener à une perte additionnelle de 15 % de la biomasse globale des animaux marins d’ici 2100.
  • L’acidification de l’océan s’accélère avec une baisse du pH ce qui met en danger la biodiversité marine. 

Ces changements climatiques entraînent une intensification et une plus forte fréquence des événements extrêmes tels que les cyclones violents (catégories 4 et 5), des submersions marines, des épisodes de types cévenols également (pluies intenses liées au réchauffement des mers).

Les zones particulièrement sensibles :  villes côtières, petits territoires insulaires, subiront au moins une fois par an des évènements extrêmes (historiquement centenaires) dès 2050 ; elles s’exposeraient à des risques massifs sans mesures d’adaptation rapides. Ce phénomène concerne une forte proportion de la population mondiale et notamment les populations des zones de delta (Nil, Mékong, Bangladesh, etc.).

Ces événements extrêmes plus fréquents associés aux vagues de chaleur océaniques auront des conséquences sur les écosystèmes marins et côtiers en altérant leur fonctionnement et en provoquant une diminution de la biodiversité.

L’océan va continuer à absorber de la chaleur au cours de ce siècle. Selon les modèles, il est probable qu’il emmagasine entre 5 et 7 fois ce qu’il a déjà absorbé depuis 1900 d’ici 2100, si les émissions continuent à augmenter.

Au total, plus d’un quart des habitants de la planète est directement menacé par les conséquences du changement climatique sur l’océan et la cryosphère, particulièrement dans les zones côtières.

Océan au cœur de l’action climat

Source : Gabriel Picot, Plateforme océan climat, 2019

Quelles sont les solutions ?

Le rapport lance un appel à l’action pour les océans, avec des solutions très concrètes en termes d’atténuation et d’adaptation qui peuvent limiter les conséquences sur les communautés humaines (sécurité, santé, ressources et activités économiques).

Les solutions basées sur la nature comme la préservation et la restauration des écosystèmes côtiers (zones humides : marais, mangroves, forêts de kelps et herbiers marins, coraux, etc.) ont un rôle majeur tant en matière d’atténuation que d’adaptation. Ces écosystèmes représentent un puits de carbone majeur dans le monde et sont plus efficaces que les forêts terrestres (ils stockent plus par m2 sur plusieurs siècles).

Ces puits sont également essentiels en matière d’adaptation au changement climatique puisqu’ils contribuent à la protection des zones côtières contre les impacts de l’élévation du niveau de la mer d’une part, et d’autre part assurent le maintien et le développement de la biodiversité (développement des ressources halieutiques (poissons et crustacés), filtration des eaux, etc.).

La transition énergétique avec le développement des énergies marines est également un exemple très concret d’investissement recommandé dans le rapport, pour favoriser les solutions alternatives aux énergies fossiles.

De manière plus globale, pour permettre d’atténuer l’impact des changements climatiques sur les océans, il est urgent de renforcer la coopération internationale et les outils légaux afin de permettre un meilleur suivi de l’état des océans (partage de données au niveau global) et d’anticiper les phénomènes.

En termes d’adaptation, on retrouve à plusieurs reprises dans le rapport l’importance de l’amélioration des infrastructures côtières pour faire face à l’élévation du niveau des mers, et aux événements extrêmes, de plus en plus nombreux.

Au-delà des infrastructures, c’est tout un système de prévention incluant le déploiement de services d’urgences qu’il est nécessaire de développer par des investissements à la hauteur des risques. Cela doit inclure un travail en collaboration avec les communautés locales pour une meilleure adaptation aux changements et une meilleure acceptation des mesures (incluant parfois des abandons de territoires entiers à long terme).

A nouveau, la préservation des écosystèmes côtiers est essentielle dans la mesure où ils jouent un rôle vital dans la protection des côtes.

Il est également important de noter que c’est le premier rapport du GIEC qui insiste sur la nécessité d’investir dans l’éducation et le partage du savoir à différents niveaux pour permettre une acceptation sociale des changements, et favoriser la mise en place de réponses adaptées aux contextes locaux.

EcoAct s’engage dans l’action en faveur des océans

Durant la conférence de presse dédiée à la publication du rapport, H. Lee, Président du GIEC, a insisté très clairement sur l’objectif de ce rapport : « Nous devons réduire nos émissions maintenant, c’est le message clé de ce rapport ». Cela s’inscrit dans le cœur de métier d’EcoAct : l’atteinte de la neutralité carbone.

Le rapport du GIEC confirme l’intérêt de développer des projets qui actionnent, par l’entrée du carbone, l’ensemble des leviers de la transition écologique : protection des zones côtières, protection de la biodiversité, développement économique local. Aussi, EcoAct travaille depuis plusieurs années sur les océans comme puits de carbone, une solution naturelle dans la lutte contre les changements climatiques.

Les écosystèmes côtiers jouent un rôle majeur dans la séquestration du carbone dans les océans : ils ne représentent que 2 % de la surface totale, mais capturent 50 % du carbone séquestré dans les sédiments océaniques. Parmi ces écosystèmes, les mangroves sont essentielles : elles représentent 1,6 milliards de dollars en services écosystémiques chaque année, et séquestrent 25,5 millions de tonnes de CO2 annuellement. Il est urgent d’en assurer la préservation et la restauration car au cours des 50 dernières années, 50 % des mangroves ont disparu au niveau mondial.

C’est pourquoi, EcoAct participe pleinement au développement de projets de compensation carbone qui visent à restaurer et à préserver les mangroves. En développant un portefeuille de projets internationaux sur le terrain, avec des partenaires locaux, nous soutenons des projets localisés principalement en Afrique, Asie et Amérique Centrale, mais également en France. En effet, EcoAct est pionnier en France, en développant un premier projet pilote de mangroves dans le cadre du Label bas-carbone. La France possède le deuxième espace maritime du monde, et a en effet une responsabilité forte dans la préservation des écosystèmes côtiers, avec un peu plus de 100 000 ha de mangroves. EcoAct participe donc de cet effort national et international.

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