COVID-19, urgence climatique et relance verte

La crise du COVID-19 a mis à nu notre manque de résilience globale. Outre la crise sanitaire, nous affrontons désormais une tempête économique sans précédent. Il est temps de tirer des enseignements de la double crise que nous traversons et qui s’est manifestée en l’espace de quelques semaines, révélant notre vulnérabilité. Car, en parallèle, la ...

Magdalena Jouenne-Mazurek

6 mai 2020 6 minutes de lecture

La crise du COVID-19 a mis à nu notre manque de résilience globale. Outre la crise sanitaire, nous affrontons désormais une tempête économique sans précédent.

Il est temps de tirer des enseignements de la double crise que nous traversons et qui s’est manifestée en l’espace de quelques semaines, révélant notre vulnérabilité. Car, en parallèle, la crise climatique est toujours plus alarmante et plus profonde.

L’action en faveur du climat ne doit pas faiblir

Si la COP26 sur le climat et le Congrès mondial de la nature organisé par l’UICN ont dû être reportés pour cause de pandémie, il est essentiel que l’action climatique collective se poursuive sans relâche. Le moment est décisif.

Favoriser l’essor d’une économie décarbonée

Alors que la relance économique est au cœur des débats, les Etats et les banques centrales mobilisent des moyens financiers colossaux pour répondre à la crise. Cependant, il est crucial, d’une part, de conditionner ces aides sur les performances climatiques, environnementales et sociales des organisations et, d’autre part, de soutenir les acteurs de la transition.

Après la pandémie, pour éviter un phénomène de rebond de pollution et pour repartir sur des bases solides, les aides d’urgence doivent être conditionnées à de véritables contreparties climatiques.

Les solutions concrètes pour une relance verte et alignée sur les objectifs de l’accord de Paris

Gérald Maradan, Directeur général et co-fondateur d’EcoAct, est force de proposition dans sa tribune Coronavirus : « Il est urgent que la relance économique intègre les objectifs de neutralité carbone » publiée dans le Monde le 2 mai 2020 :

« Il faut donc aller plus loin et créer un nouvel instrument financier : le prêt à impact climat. Inspiré des emprunts responsables que sont en anglais les « Sustainability-linked loans » (en français les emprunts obligataires et bancaires durables), le prêt à impact climat inclurait une indexation des taux sur la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’entreprise, trajectoire qui devra être compatible avec les objectifs de l’accord de Paris. En d’autres termes, plus l’entreprise colle à cette trajectoire de réduction, plus son taux de financement devient intéressant et son prêt bonifié. » 

Ce mécanisme innovant s’inscrivant dans la compatibilité avec l’accord de Paris a en particulier l’avantage d’être incitatif et universellement applicable. Pour un décryptage plus détaillé, lisez également la tribune « Covid et climat : il faut inventer de nouveaux outils financiers » publié le 4 juin 2020 à la une des Politiques sur Environnement-magazine.fr.

Pour approfondir le sujet du rebond de la pollution et pour bénéficier de la perspective de Gérald Maradan sur les aides d’urgence aux entreprises conditionnées à des contreparties climatiques fortes, vous pouvez visionner son interview vidéo par Vanessa Logerais de COP RUNNER. Cet éclairage porte notamment sur l’impact de la crise sanitaire sur les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que sur les pistes de réflexion pour intégrer plus systématiquement les objectifs de sobriété et de neutralité carbone dans les plans de relance. Pour en savoir plus sur le prêt indexé sur la performance climatique, voici un décryptage sous forme d’interview publié le 13 mai par Actu-environnement.

Prendre le leadership mondial de l’économie durable et humaine

Pour éviter les erreurs du passé et pour prendre un tournant durable, une question s’impose : « quels secteurs souhaitons-nous soutenir ? ». Dans une récente tribune publiée sur francetvinfo.fr, les entreprises de la transition énergétique et écologique, rassemblées autour du collectif ChangeNOW, appellent à la création d’un fonds de soutien d’urgence dédié, accompagné de mesures de sauvegarde pour ce secteur clé. Ce message porté par des startups de l’innovation au service de la transition énergétique a également été soutenu par EcoAct.

Unir ses forces et privilégier la solidarité

Cette pandémie interroge en effet nos modèles économiques, sociaux et environnementaux. Elle fait  émerger des initiatives ambitieuses, comme celle appellant à une coalition d’acteurs pour engager une véritable révolution économique, écologique et inclusive. Pour en savoir plus, découvrez une récente tribune des membres de la Coalition « 10 % pour tout changer », co-signée par Gérald Maradan, en faveur d’une économie contributive et verte. Intitulée « Pas de « monde d’après » sans l’union de nos forces », elle a été publiée dans Les Echos le 23 avril 2020.

Vers une prise de responsabilité dans tous les secteurs de l’économie

Nous l’avons vu, la question qui s’impose de plus en plus est celle du monde d’après. Cette situation inédite peut représenter une opportunité unique pour repenser et pour transformer en profondeur nos modèles.

La crise actuelle entraînant le confinement de la moitié de la population mondiale consacre l’omniprésence du digital dans l’activité professionnelle comme dans les loisirs. Cela nous amène à interroger l’empreinte climatique non seulement du numérique, mais aussi du e-commerce.

Pour Arnaud Doré, Directeur associé Europe du Sud chez EcoAct, il est temps que les géants du e-commerce prennent leur responsabilité. Dans sa tribune « Impact carbone du e-commerce et du fret : il est plus que temps de rationaliser et de se raisonner ! » publiée le 5 mai 2020 sur Actu-environnement.com, il décrypte les enjeux du maintien de la chaîne d’approvisionnement à l’épreuve du coronavirus, ainsi que l’impact carbone du e-commerce et, plus globalement son rôle non négligeable dans l’empreinte du transport :

« Nous sommes face à une urgence climatique dont il est impossible de nier l’accélération et les conséquences dramatiques qu’elle engendre. Face à cela, des engagements forts ont été pris en France : le transport routier doit atteindre zéro émission nette d’ici à 2050. Un objectif utopique si rien n’est fait à la fois au niveau de la R&D, pour parvenir à faire disparaître les véhicules roulant à l’énergie fossile et à décarboner massivement le secteur, mais aussi et surtout dans les usages des particuliers et des entreprises. Tout ne peut pas reposer sur les fabricants, ni sur les citoyens ; et sans une vraie prise de conscience de l’impact du e-commerce, les politiques actuelles, et les fonds d’investissement de plusieurs milliards, ne sauront suffire à atteindre nos ambitieux et existentiels objectifs. »

De nombreuses initiatives et innovations peuvent et doivent être imaginées et mises en œuvre pour construire collectivement un monde post-coronavirus plus résilient.

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