CDP 2021 : les réponses à vos questions

Le CDP (anciennement « Carbon Disclosure Project ») est une organisation internationale à but non lucratif qui gère l’une des bases de données environnementales les plus complètes au monde. Le CDP évalue, à partir des réponses apportées à ses questionnaires, l’impact des entreprises, des territoires et des organisations sur le changement climatique, sur l’eau, sur les forêts et ...

Magdalena Jouenne-Mazurek

30 Mar 2021 11 minutes de lecture

Le CDP (anciennement « Carbon Disclosure Project ») est une organisation internationale à but non lucratif qui gère l’une des bases de données environnementales les plus complètes au monde. Le CDP évalue, à partir des réponses apportées à ses questionnaires, l’impact des entreprises, des territoires et des organisations sur le changement climatique, sur l’eau, sur les forêts et sur les chaînes d’approvisionnement.

A la suite de notre webinaire dédié au reporting CDP, qui s’est tenu le 17 mars avec notamment la participation de Celia Knipper, Account manager du CDP, nous avons reçu de nombreuses questions. Nous saisissons cette opportunité pour vous apporter ci-dessous nos réponses.

Questions générales sur les questionnaires du CDP

Pourquoi utiliser le CDP pour votre reporting climat ?

Communiquer vos données climatiques au CDP présente deux principaux avantages :

Premièrement, le CDP vous permet d’aller au-delà du reporting obligatoire sur vos engagements climatiques et soutient ainsi votre communication auprès de vos parties prenantes ; en particulier de vos investisseurs. Cela vous permettra donc de répondre à la demande croissante de transparence et d’action dans la lutte contre le dérèglement climatique, ce qui vous aidera à obtenir un avantage concurrentiel et à rassurer vos investisseurs.

Deuxièmement, le reporting au CDP vous fournit une feuille de route sur la façon d’agir et de rendre compte de votre action sur le climat, sur l’eau et sur les forêts. Selon les dernières données scientifiques, nous devons collectivement atteindre zéro émission nette d’ici à 2050 afin d’éviter les impacts les plus catastrophiques du changement climatique. Le cadre de reporting du CDP fournit un guide des principales étapes nécessaires à une organisation pour relever ce défi et se protéger des risques liés au dérèglement climatique. De plus, le CDP vous préparera à toute évolution future de déclaration obligatoire et fera progresser les différents secteurs d’activité vers un monde plus durable et bas-carbone.

Comment le CDP vérifie-t-il les données communiquées par les organisations ?

Le CDP est une plateforme de données environnementales auto-déclarées. En tant que tel, le CDP ne vérifie pas les données fournies par les organisations, mais des systèmes sont en place pour signaler les incohérences. La vérification des émissions par une tierce partie est un des critères de notation et une des exigences pour faire partie de la liste A du CDP, qui récompense les organisations les plus transparentes et engagées. En outre, les organisations figurant sur la liste A sont soumises à des vérifications supplémentaires, y compris des contrôles liés à leur réputation.

Le reporting au CDP est-il aussi important pour les petites entreprises/entreprises privées que pour les entreprises cotées en bourse ?

Les petites entreprises ou les entreprises privées n’ont pas les mêmes obligations de reporting, notamment auprès de leurs investisseurs. Cependant, il y a toujours des avantages à comparer votre performance à celles d’autres organisations et à utiliser le CDP pour établir une stratégie climatique.

En ce qui concerne la « Non-Disclosure Campaign » du CDP, quelles sont les conséquences pour les entreprises cibles qui ne répondent pas à la demande des investisseurs de communiquer des informations ?

La « Non-Disclosure Campaign » permet aux investisseurs de demander aux organisations qui ne publient pas leurs données de communiquer celles-ci via les questionnaires du CDP. Une organisation qui refuse de répondre à une demande d’un investisseur se verra attribuer la note de « F » sur le site web du CDP (indiquant une incapacité à fournir suffisamment d’informations au CDP pour être évaluées). Les investisseurs et autres utilisateurs des données verront que cette entreprise a refusé de répondre au CDP, démontrant ainsi un manque de transparence. C’est pourquoi les organisations sont encouragées à fournir une réponse partielle au(x) questionnaire(s) du CDP plutôt que de ne pas répondre du tout. Cela envoie un signal positif sur l’intention de l’entreprise d’être plus transparente, même si elle ne dispose pas de toutes les données nécessaires pour fournir un reporting complet.

En outre, comme cela a été mentionné lors de notre dernier webinaire, le reporting au CDP est une des meilleures pratiques pour répondre aux critères ESG : les données et les scores du CDP sont utilisés par une variété d’agences de notations et par de nombreuses institutions financières. En refusant de répondre à une demande d’un investisseur, l’entreprise pourrait être classée à un rang inférieur à celui de ses pairs qui fournissent des informations environnementales via la plateforme du CDP, ou être exclue de certains indices financiers qui prennent en compte ces données.

Par exemple, l’indice CDP Environnement d’Euronext, lancé en 2018, calcule les scores environnementaux des entreprises du SBF 120 sur la base de leurs notes moyennes au CDP sur les trois différentes thématiques (changement climatique, forêts et sécurité de l’eau). Si une entreprise n’a pas utilisé un des questionnaires, la moyenne sera déterminée sur la base de ses réponses aux autres questionnaires. Cependant, si une entreprise a refusé de répondre à la demande des investisseurs, son score Euronext Environnement sera de 0 et l’entreprise ne sera pas sélectionnée pour faire partie de l’indice. Pour en savoir plus, cliquez ici.

FAQ sur la notation du CDP

Comment les méthodes de notation du CDP sont-elles utilisées et comment le CDP crée-t-il une cohérence entre les différents questionnaires ?

Les méthodes de notation du CDP reflètent un ensemble clair d’étapes que les entreprises doivent réaliser pour parvenir à une bonne gestion des enjeux climatiques et environnementaux. Elles sont basées sur 4 types de critères donnant lieu à 4 niveaux de performance (du plus faible au plus élevé) : reporting, sensibilisation, gestion, et leadership pour les 3 programmes (climat, eau, forêts).

Les méthodologies sont entièrement accessibles et sont publiées sur le site internet du CDP avec de nombreuses autres ressources. Elles mentionnent des recommandations ou des pratiques clés provenant d’autres cadres de reporting tels que la TCFD ou le GHG Protocol, ce qui assure un alignement et une cohérence entre les différents cadres sur la performance environnementale des organisations. En conséquence, la notation du CDP n’est pas seulement une évaluation et un indicateur pour leurs parties prenantes, mais aussi un cadre complet qui aide les entreprises à structurer et à hiérarchiser leurs activités tout en leur permettant de se positionner face à d’autres organisations du même secteur.

En ce qui concerne la notation du leadership, comment savoir si une entreprise est en avance par rapport à d’autres ?

Les points de « leadership » sont utilisés pour noter toutes les entreprises qui obtiennent un A- ou un A et sont récompensées pour leurs meilleures pratiques. Moins de 3 % des entreprises ont obtenu la note A en 2020, ce qui signifie que toute entreprise figurant sur la liste A est avancée dans sa stratégie climatique. En revanche, il n’est pas possible de comparer les performances de leadership des entreprises question par question.

Comment les entreprises sont-elles classées par le CDP et que dois-je faire si je ne suis pas d’accord avec la classification ?

Les entreprises invitées à répondre se voient attribuer une catégorie selon le Système de classification des activités du CDP (CDP-Activity Classification System ou CDP-ACS). Ce système catégorise les entreprises en fonction de leur secteur d’activité et associe leurs activités aux impacts du changement climatique, de la sécurité de l’eau et de la déforestation sur la chaîne de valeur de l’entreprise.

Les activités des organisations sont mises en correspondance avec les questionnaires du CDP. Une entreprise doit réaliser au moins 20 % de son chiffre d’affaires dans une activité pour être mise en correspondance avec celle-ci. Si aucun questionnaire sectoriel n’existe, l’entreprise devra uniquement répondre aux questions générales.

Le CDP-ACS est un système à trois niveaux comprenant l’activité, le groupe d’activité et le secteur.

Si vous souhaitez modifier ou remettre en question votre catégorisation, veuillez contacter votre interlocuteur au sein du CDP, ou envoyer un email à la boîte de réception dédiée au reporting : disclose.europe@cdp.net.

Si je réponds pour la première fois aux questionnaires du CDP, est-il possible d’obtenir un score avec un reporting minimal ? Est-ce que je peux reporter uniquement les émissions de mon organisation ?

Pour la première année, il est possible de ne pas communiquer votre réponse et votre score. Cela signifie en revanche que vous vous engagez à répondre et à divulguer votre score les années suivantes (les données elles-mêmes peuvent rester privées). Si le reporting est minime, vous n’obtiendrez probablement que le score le plus faible traduisant d’un niveau « reporting » (entre 0 et 44 %, ce qui équivaut à un D-).

Si vous appréhendez votre premier reporting, nous vous suggérons d’entreprendre une analyse de vos lacunes. Cela vous permettra d’identifier où vous en êtes, et les améliorations rapides qui pourraient augmenter votre score ; cela vous fournira une feuille de route plus claire pour vous améliorer dans les années à venir. Si vous souhaitez être accompagné.e dans cette analyse, n’hésitez pas à nous contacter !

Mon organisation a répondu au CDP pour la première fois l’année dernière, et nous n’avons pris en compte que les données de consommation d’énergie dans notre estimation des émissions. Cette année, nous inclurons d’autres sources d’émissions non énergétiques, mais cela signifie que notre base d’émissions pourrait augmenter. Cela posera-t-il un problème ?

Il est toujours conseillé de prendre en compte un maximum d’émissions de vos périmètres directs (scope 1 et 2) et indirect (scope 3), tant pour le CDP que pour votre stratégie globale. Par exemple, pour fixer un objectif de réduction d’émissions (SBT), vous devez vous assurer que 95 % de vos émissions de scope 1 et 2 ont été prises en compte dans votre objectif. En général, plus vous avez d’informations et plus vous les reportez, mieux c’est.

Comment puis-je améliorer la note de mon entreprise alors que les questions et les méthodologies sont modifiées chaque année ?

Nous vous recommandons de procéder à une analyse de vos lacunes chaque année pour analyser vos progrès et faire mieux l’année d’après.

Si vous optez pour des initiatives plus ambitieuses, comme la définition de SBT ou l’adhésion de votre stratégie en interne, il est peu probable que ces mesures soient redondantes dans les années à venir. Le CDP revoit ses questions régulièrement pour assurer qu’elles représentent les meilleures pratiques. Si vous vous engagez dans une stratégie climatique ambitieuse, vous serez en bonne position pour faire face aux évolutions futures du cadre.

Questions spécifiques aux questionnaires

Selon le CDP, quels certificats permettent de s’assurer que l’électricité est 100% verte ?

Les marchés diffèrent quant certificats utilisés par les entreprises pour acheter de l’énergie mais ils peuvent inclure :

– Des certificats d’attributs énergétiques (RECs, GOs, I-REC, etc.) ; – Des contrats d’achat d’électricité (PPA) avec des producteurs d’énergie ; et – Les produits d’électricité verte des fournisseurs d’énergie.

Les certificats suivants sont actuellement reconnus par le CDP : LGCs australiens, GECs chinois, GOs européens, RECs indiens, I-RECs, J-Credits, T-RECs taïwanais, TIGRs, REGOs britanniques, US-RECs.

Vous pouvez trouver plus d’informations sur la comptabilité du scope 2 ici.

Jusqu’où dans la chaîne d’approvisionnement les entreprises sont-elles tenues responsables en termes d’empreinte carbone ? Par exemple, si une entreprise doit s’approvisionner en produits contenant 10 % d’huile de palme, quel pourcentage de l’empreinte carbone est-elle tenue pour responsable ?

Nous constatons que les entreprises ont de plus en plus tendance à effectuer des analyses du cycle de vie de leurs produits afin de bien comprendre l’empreinte carbone associée. Dans l’exemple donné, l’empreinte des produits comprendrait toutes les émissions associées à tous les matériaux nécessaires à la fabrication du produit. Les entreprises ont un contrôle limité sur leur chaîne de valeur au-delà des fournisseurs directs, c’est pourquoi il est important de se concentrer sur les émissions les plus importantes de votre chaîne d’approvisionnement.

Si vous avez d’autres questions sur le CDP ou si vous souhaitez obtenir de l’aide pour vos futures réponses aux questionnaires CDP, n’hésitez pas à nous contacter.

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