Stratégie biodiversité : 5 choses à savoir pour se lancer

Année après année, les cadres de reporting réglementaires et volontaires incitent les entreprises à prendre en compte leurs impacts sur la biodiversité et leurs dépendances à la nature. En mai dernier, nos expertes, Sabrina Capon, Manager biodiversité et Jeanne Barreyre, Consultante chercheuse senior en solutions fondées sur la nature et biodiversité, ont organisé un webinaire ...

Sabrina Capon et Jeanne Barreyre

12 SEP 2024 10 minutes de lecture

Année après année, les cadres de reporting réglementaires et volontaires incitent les entreprises à prendre en compte leurs impacts sur la biodiversité et leurs dépendances à la nature. En mai dernier, nos expertes, Sabrina Capon, Manager biodiversité et Jeanne Barreyre, Consultante chercheuse senior en solutions fondées sur la nature et biodiversité, ont organisé un webinaire « Cadres et méthodes pour la biodiversité : comment mener une stratégie efficace grâce à des choix éclairés ? ». Suite à ce webinaire, nous avons reçu de nombreuses questions des participants auxquelles nos EcoActrices répondent dans cet article !

stratégie biodiversité - 5 choses à savoir

1.     Par où commencer pour mettre en place une stratégie biodiversité ?

Quel que soit le niveau de maturité de votre entreprise ou son secteur, voici quelques étapes à suivre pour non seulement comprendre mais aussi prioriser vos enjeux en biodiversité.

Il est tout de même important de noter qu’en fonction de l’intention initiale de votre entreprise, certaines actions pourront être prioriser et d’autres relayées à plus tard. Il est donc essentiel de savoir pourquoi on se lance dans cette démarche.

Étape 1 : Sensibiliser et former vos équipes aux enjeux autour de la préservation de la biodiversité

Pour saisir les concepts et les risques liés à la perte de biodiversité, il est nécessaire de se former. Que ce soit l’équipe directement en charge du projet, votre équipe de direction ou vos collaborateurs, les embarquer dans votre démarche biodiversité dès le départ ne sera que bénéfique afin de profiter de l’intelligence collective pour co-construire votre stratégie.
Outils : Fresque de la biodiversité, ateliers…

Étape 2 : Réaliser un diagnostic macro de l’état des écosystèmes sur l’ensemble de la chaîne de valeur

Commencez par effectuer un screening de votre chaîne de valeur en fonction de votre secteur. Cette analyse vous fournira une vue d’ensemble des pressions et dépendances vis-à-vis de la nature, en identifiant les enjeux globaux auxquels votre entreprise est confrontée. C’est également un bon outil pour sensibiliser et donner des clefs de compréhension sur le sujet.

Outils : ENCORE, Environmentally-Extended Multi-Regional Input-Output models (EE-MRIO)

Étape 3 : Définir les enjeux matériels (double matérialité)

Affinez votre diagnostic en identifiant les enjeux matériels spécifiques à votre entreprise. Concentrez-vous sur certaines zones géographiques, sites, pressions, dépendances ou matières premières particulières. Cette étape permet de cibler les priorités et d’orienter les efforts pour les actions futures. Cette priorisation est essentielle pour allouer efficacement les ressources et maximiser l’impact de vos initiatives en biodiversité.

Outils : GBS, Globio, BRF, observations satellites

2.     Quelles sont les métriques biodiversité ?

A l’inverse du climat, il n’existe pas de métrique unique pour évaluer la biodiversité. Les entreprises peuvent utiliser une variété de données, tant non agrégées qu’agrégées, pour mesurer leur impact sur la biodiversité.

1. Données non agrégées : Ces données se rapportent aux cinq principaux facteurs d’impact sur la biodiversité, tels que :

  • Changement d’utilisation des sols : surface artificialisée (ha)
  • Exploitation directe des ressources : consommation d’eau (m3)
  • Empreinte carbone : émissions de gaz à effet de serre (teqCO2)
  • Pollutions : quantité de produits chimiques utilisés (t)

2. Données agrégées : Ces indicateurs offrent une estimation globale de l’impact sur la biodiversité :

  • MSA (Mean Species Abundance) par km² : mesure l’abondance moyenne des espèces par unité de surface
  • PDF (Potentially Disappeared Fraction) : évalue la fraction potentielle d’espèces disparues en raison des activités humaines

Pour calculer ces données, divers outils et bases de données peuvent être utilisés, tels que :

  • Globio : pour traduire les pressions en impacts
  • GBS (Global Biodiversity Score) : pour évaluer l’empreinte biodiversité d’une entreprise
  • BRF (Biodiversity Risk Filter) : pour identifier et gérer les risques liés à la biodiversité
  • IBAT (Integrated Biodiversity Assessment Tool) : pour accéder aux données sur les zones clés de la biodiversité (KBA)
  • ENCORE (Exploring Natural Capital Opportunities, Risks and Exposure) : pour analyser les dépendances et impacts des entreprises sur la biodiversité
  • ACV (Analyse du cycle de vie) : pour évaluer les impacts environnementaux des produits tout au long de leur cycle de vie

Il s’agit ici d’exemple d’approche d’estimation basée sur des modèles. Il est aussi possible de mener des enquêtes terrain ou les métriques seront plutôt en nombre d’espèces et en qualité des espèces.

Ainsi, il est essentiel de combiner plusieurs indicateurs pour obtenir une évaluation complète et précise de l’impact sur la biodiversité, en tenant compte des spécificités de chaque entreprise et de ses activités.

3.     Quelles sont les exigences de la CSRD pour la biodiversité ?

A partir de 2025, les premiers rapports de durabilité alignés sur la CSRD devront être publiés par la première vague des entreprises européennes. La CSRD requiert des entreprises un reporting spécifique en fonction de la matérialité de leurs enjeux.

Exigences obligatoires :

  • Double matérialité : Les entreprises doivent intégrer l’analyse de double matérialité dans leur reporting sur la biodiversité. Cela signifie qu’elles doivent évaluer non seulement comment les enjeux de biodiversité impactent leur performance financière (matérialité financière ou dépendances), mais aussi comment leurs activités affectent la biodiversité et les écosystèmes (matérialité d’impact ou pressions).

Exigences obligatoires si matériels pour la biodiversité :

  • IRO (Impacts, Risques et Opportunités) : Les entreprises doivent identifier et rapporter les risques et opportunités matériels liés à la biodiversité. Cela inclut l’impact potentiel de la perte de biodiversité sur la performance à court, moyen et long terme de l’entreprise, ainsi que les opportunités liées à la conservation et à la restauration des écosystèmes.
  • Métriques : Les entreprises sont tenues de divulguer des métriques spécifiques et des indicateurs de performance clés (KPI) relatifs à la biodiversité. Ces métriques doivent être quantifiables ; elles peuvent concerner le nombre et la superficie des sites à proximité de zones clés pour la biodiversité (obligatoires si matériels), le changement d’affectation des terres (obligatoires si matériels), la superficie d’habitat restaurée, la réduction des émissions de polluants affectant la biodiversité ou le nombre d’espèces protégées grâce aux actions de l’entreprise.
  • Politique : Les organisations doivent élaborer et publier des politiques claires et détaillées concernant la biodiversité. Ces politiques doivent démontrer leurs engagements envers la conservation de la biodiversité et les actions qu’elle entreprend pour atténuer les risques de perte de biodiversité et saisir les opportunités de conservation.

En respectant ces exigences, les entreprises peuvent non seulement se conformer à la CSRD, mais aussi renforcer leur crédibilité et leur performance en matière de biodiversité, contribuant ainsi à la préservation des écosystèmes pour les générations futures.

4.     Quelles sont les limites actuelles pour bien prendre en compte la biodiversité ?

Il existe plusieurs limites en raison de la complexité inhérente à cette thématique :

  • Absence de métrique unique : Contrairement aux émissions de carbone, il n’existe pas d’indicateur unique et universel pour évaluer la biodiversité. Les entreprises doivent utiliser une combinaison de données non agrégées et agrégées pour obtenir une vue d’ensemble.
  • Manque d’outils universels : Aucun outil ne permet de couvrir tous les enjeux liés à la biodiversité, cependant une multitude d’outils et bases de données sont disponibles et permettent de répondre à des enjeux différents. C’est pour cette raison qu’il est essentiel que les entreprises définissent leur besoin le plus clairement possible.
  • Nécessité de combiner les approches locales et la chaîne de valeur : Pour une évaluation complète, il est crucial de combiner les analyses au niveau des sites spécifiques avec celles de la chaîne de valeur globale. Cette approche holistique est complexe à mettre en œuvre.

De plus, certains concepts empruntés à la thématique du climat tels que les plans de transition, l’analyse de scénarios et l’évaluation financière des risques, sont encore moins matures dans le contexte de la biodiversité. Ils nécessitent le développement de méthodes spécifiques et adaptées que l’on s’attend à voir émerger dans les mois à venir par les cadres et institutions.

En résumé, les démarches biodiversité doivent naviguer dans un cadre complexe et en évolution, combinant diverses métriques et outils pour une évaluation et une gestion efficaces de leur impact sur la biodiversité. Cependant, ce n’est pas parce que les cadres sont en construction et que l’outil parfait n’existe pas qu’il faut rester inactif. Au contraire, face à l’urgence de l’érosion de la biodiversité, il est impératif d’agir dès maintenant.

5.    Comment EcoAct peut-il m’accompagner dans ma stratégie biodiversité ?

Le sujet de la biodiversité reste un sujet complexe, c’est pourquoi nous avons constitué une communauté d’experts chez EcoAct afin de vous accompagner de différentes manières pour que vous puissiez gagner en autonomie.

Notre approche, alignée sur les cadres de reporting, peut être résumée dans le schéma suivant :

Stratégie biodiversité : 5 choses à savoir pour se lancer

Nous sommes convaincus que le prérequis à toute démarche biodiversité est la sensibilisation et la formation. Nous pouvons vous proposer un programme adapté à vos besoins, afin de pouvoir mener votre démarche biodiversité en autonomie : fresque, atelier, formation aux outils et aux cadres pour les équipes projets, les collaborateurs, etc. L’objectif étant de vous proposer un accompagnement sur-mesure tout en intégrant un transfert de compétences tout au long de votre projet.

De l’analyse de double matérialité jusqu’à la mise en place des actions en passant par l’étude des risques et opportunités, la communauté biodiversité d’EcoAct peut vous accompagner à chaque étape en se fondant sur les cadres et méthodologies existantes (IBAT, eDNA, etc.). Nous nous appuyons notamment sur trois cadres :

  • L’approche LEAP de la TNFD pour transformer les pressions et dépendances identifiées en risques et opportunités,
  • Les étapes 1 et 2 du SBTN pour géolocaliser les enjeux et les traduire en plan d’action détaillé et géolocalisé,
  • Les recommandations d’Align pour s’aligner avec les meilleures pratiques en termes de mesure et évaluation des impacts biodiversité.

Pour une stratégie biodiversité complète et efficace, nous recommandons de combiner les analyses de la chaîne de valeur et des sites spécifiques. Cela garantit une approche holistique et cohérente, adaptée à votre contexte d’entreprise.

N’hésitez pas à nous contacter pour obtenir plus d’informations sur la démarche biodiversité que vous pouvez mettre en place à l’échelle de votre organisation !

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