Faisant son apparition l’an dernier, le rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a marqué les esprits et a fortement contribué à un élan de mobilisation citoyenne sans précédent en faveur de l’action climatique urgente et renforcée à assumer par tous les acteurs économiques. Dans ce contexte, il n’a jamais été aussi pertinent de comprendre la performance des entreprises en matière de développement durable.
L’an dernier, Microsoft, BT Group et Marks & Spencer se sont hissés en tête des leaders mondiaux des meilleures pratiques en matière de reporting relatif au développement durable (DD) de notre palmarès.
Comment les meilleures pratiques ont-elles évolué depuis ? Faisons-nous suffisamment de progrès ? Qui triomphera au sein du classement 2019 des leaders du DD ?
Publiés chaque année à la rentrée, nos rapports sont basés sur des recherches approfondies portant sur l’information publiquement disponible et consultable sur le site web des sociétés appartenant à quatre grands indices mondiaux : FTSE 100 (Royaume-Uni), CAC 40 (France), IBEX 35 (Espagne) et DOW 30 (USA). L’objectif est de mettre en évidence les tendances et de reconnaître le leadership en matière de performance climat et de DD des plus grandes entreprises, dont la transformation durable réussie possède un impact positif de grande portée.
Les critères de notation ont été élaborés par nos experts et sont mis à jour régulièrement pour tenir compte des évolutions continues, des attentes croissantes concernant le reporting extra-financier, et des meilleures pratiques.
Que signifie être un leader mondial en termes de reporting climat ? Certes, nombreuses sont les initiatives environnementales menées par les sociétés et la plupart des grandes entreprises sont dorénavant tenues de publier des rapports complets sur le développement durable. Mais qu’est-ce qui distingue de vrais leaders ?
Microsoft est parvenu à s’imposer en tant que champion du climat en partie grâce à sa neutralité carbone effective. Ce géant de la technologie était en effet une des deux seules entreprises de son indice (DOW 30) à avoir franchi le cap. En plus, son exploration des solutions technologiques innovantes telles que des centres de données plus écologiques et des outils d’intelligence artificielle soucieux de l’environnement démontre un engagement fort pour l’innovation mise au service du climat. Sa stratégie a généré des économies annuelles de 9,5 millions téq CO2 et a permis de recycler plus de 10 millions de kilogrammes de déchets électroniques.
En seconde place, nous retrouvons en 2018 le groupe BT, opérateur historique britannique de télécommunications. Ce qui a valu au groupe BT cette place honorable, c’est avant tout sa démarche SBT (Science-based targets) aboutie, qui se démarque par un engagement à réduire son intensité carbone de 87 % et par l’établissement d’un objectif SBT spécifiquement dédié à sa chaîne d’approvisionnement rendant possible la réduction d’émissions de 29 % à l’horizon 2030. La progression significative vers l’atteinte de son objectif de 100 % d’électricité renouvelable à l’échelle mondiale consolide cette position de leader.
Marks & Spencer réaffirme son leadership de longue date en troisième position en 2018 avec son plan stratégique de DD exemplaire à l’horizon 2025 ; M&S a aussi le mérite d’être l’une des cinq entreprises neutres en carbone du FTSE 100. Il rend compte en détail des indicateurs de performance clés au-delà des émissions et continue de progresser vers son objectif de zéro déchet d’ici à 2025.
Nous avons assisté à des développements significatifs au cours de l’année dernière dans l’univers de la transition climatique, capables d’impacter les résultats des recherches sur le reporting et le palmarès de cette année.
En octobre de l’année dernière, le GIEC a publié son rapport spécial sur un réchauffement de 1,5 °C qui alerte sur le besoin urgent d’objectifs climatiques plus ambitieux. En outre, les mouvements de protestation dans le monde entier ont pris de l’ampleur au début de l’année 2019, les activistes climatiques et la jeunesse exigeant la reconnaissance de la crise climatique et écologique mondiale et une décarbonation immédiate.
En réponse à l’appel des scientifiques en faveur d’une ambition accrue, l’initiative Science Based Target (SBTi) a dûment mis à jour ses recommandations afin de les aligner sur un objectif de limitation du réchauffement à 1,5 °C, ou bien en dessous de 2 °C. Bien qu’il s’agisse d’un développement récent et qu’il ne soit pas encore nécessaire de fixer de nouveaux objectifs avant octobre, la barre en matière de meilleures pratiques en sort relevée.
Les gouvernements font preuve d’un engagement en faveur de la neutralité carbone en France, au Royaume-Uni, au Danemark et dans l’État de New York – signal fort que le cadre législatif ne devra pas tarder à se mettre en adéquation.
Par conséquent, les entreprises devront s’engager davantage dans diverses initiatives de réduction des émissions. D’année en année, nous constatons une tendance croissante pour l’utilisation des énergies renouvelables, l’implication de la chaîne d’approvisionnement et les mesures d’efficacité énergétique. Ainsi, les leaders climat sont bien engagés sur leur chemin vers le ” net zéro “, si ce n’est pas encore un fait accompli. C’est un passage obligé, tout comme la prise en compte des risques et des opportunités posés par la transition vers une économie bas-carbone.
La TCFD (Task Force on Climate-related Financial Disclosures) exerce une influence croissante sur l’univers du DD et de la finance. Le mois dernier, 466 investisseurs ont écrit une lettre au G20 exigeant l’obligation généralisée de communiquer l’information financière relative au climat.
La TCFD est désormais considérée comme la principale référence en matière d’information financière sur le climat.
La mise en pratique des recommandations de la TCFD demeurait un défi pour les entreprises en 2018. Cependant, un chef de file en matière de DD devra appliquer les recommandations et ainsi aider à tracer la voie à suivre.
Nous espérons que 2019 et au-delà apportera des améliorations et continuera à relever la barre en matière de reporting climat et développement durable, tout en représentant le niveau d’ambition nécessaire pour limiter le réchauffement climatique.
Alors que l’attention du public se porte de plus en plus sur le climat et les crises écologiques, la manière dont les entreprises agissent et communiquent sur ces enjeux vitaux exerce un impact réel de transformation. Qui sont les modèles à suivre, et faisons-nous suffisamment de progrès pour atteindre nos objectifs de DD mondiaux ? Il suffit d’attendre le mois de septembre pour le savoir….
(Les rapports sur le reporting de développement durable de 2019 seront publiés en septembre ; vous pouvez accéder aux conclusions complètes du rapport 2018 ici)
Dans notre dernier rapport, nous présentons les résultats de nos travaux sur les tendances en matière de reporting RSE au sein des plus grandes entreprises françaises du CAC 40.