Lutter contre le changement climatique et favoriser l’émancipation des femmes au Kenya : l’exemple du projet de foyers de cuisson améliorés “Dziva” 

Selon la Clean Cooking Alliance, 25 % de la population mondiale cuisine en utilisant des feux ouverts polluants (souvent trois pierres) et des combustibles inefficaces tels que le charbon de bois, le bois et le kérosène. Cette méthode exerce une pression considérable sur les ressources forestières et entraîne de nombreux problèmes de santé, en particulier ...

Aurélie Soulier

9 SEP 2024 10 minutes de lecture

Selon la Clean Cooking Alliance, 25 % de la population mondiale cuisine en utilisant des feux ouverts polluants (souvent trois pierres) et des combustibles inefficaces tels que le charbon de bois, le bois et le kérosène. Cette méthode exerce une pression considérable sur les ressources forestières et entraîne de nombreux problèmes de santé, en particulier chez les femmes et les enfants.  Environ 3,2 millions de décès par an sont causés en raison de l’exposition à la fumée et aux produits chimiques toxiques. 

Au Kenya, la pollution de l’air domestique provoque environ 23 000 décès par an1 et a un impact direct sur la santé d’environ 15 millions de personnes. Un meilleur accès aux foyers de cuisson améliorés peut contribuer à résoudre ces problèmes : en plus d’éviter les émissions de gaz à effet de serre et de réduire la déforestation, les projets de foyers de cuisson améliorés contribuent au développement économique et social, en favorisant l’égalité des genres et la bonne santé. 

Les foyers de cuisson améliorés remplacent généralement les feux ouverts à trois pierres qui consomment beaucoup de bois. Ce sont des appareils de cuisson (voir photo ci-dessous) qui permettent de transférer la chaleur du bois à travers une chambre de combustion permettant ainsi un transfert plus efficace pour chauffer une casserole ou une poêle.

En avril 2024, nos EcoActeurs Michèle Dyson, Aurélie Soulier et Stéphane Tromilin ont visité le projet de foyers de cuisson améliorés Dziva dans le comté de Kwale, près de Mombasa, au Kenya, où ils ont rencontré notre partenaire local, Newedge Farmantics, et les bénéficiaires du projet qui sont pour la plupart des femmes. 

Le groupe Sanofi, qui a financé le projet dans sa totalité, s’est également joint à la visite.  

Lutter contre le changement climatique et favoriser l’émancipation des femmes au Kenya : l’exemple du projet de foyers de cuisson améliorés “Dziva” 
Bénéficiaire du projet Dziva ©EcoAct  

Comment les projets de foyers de cuisson améliorés profitent-ils directement aux femmes ?  

Au quotidien, l’importance des fours de cuisson améliorés va bien au-delà de la cuisine, en particulier pour les femmes et les jeunes filles, qui en sont les principales usagères. En effet, elles assument souvent la responsabilité de la préparation des repas et de la collecte du bois, passant jusqu’à cinq heures par jour à ramasser du bois et à cuisiner. Cela peut priver les jeunes filles d’aller à l’école et les femmes de participer à d’autres activités sociales et économiques. Cela signifie également qu’elles sont fortement exposées à de grandes quantités de fumée et souffrent donc de problèmes respiratoires et oculaires.  

L’accès à des foyers de cuisson améliorés contribue ainsi à réduire les problèmes de santé liés à la pollution de l’air domestique et permet de diminuer le temps passé à ramasser du bois. Les femmes peuvent alors consacrer ce temps à d’autres activités, comme nous l’a expliqué Miriam Kilolerwa, bénéficiaire du projet Dziva, lors de notre visite :

« Avant le foyer de cuisson Dziva, j’utilisais le feu traditionnel à trois pierres pour préparer la nourriture et il y avait beaucoup de fumée. Il était difficile de cuisiner avec autant de fumée et il n’était pas facile de trouver du bois. Les enfants commençaient à avoir faim en attendant que je ramène du bois. Cuisiner avec trois pierres était également risqué pour les enfants car ils pouvaient facilement se brûler. Lorsqu’il pleuvait, nous devions cuisiner à l’intérieur, ce qui signifiait inspirer encore plus de fumée. Depuis que j’ai le fourneau Dziva, je suis heureuse car il émet moins de fumée, nécessite moins de bois et j’ai maintenant le temps de faire d’autres choses utiles. Avoir plus de temps signifie avoir une chance de pouvoir travailler et être plus indépendante. » 

Lutter contre le changement climatique et favoriser l’émancipation des femmes au Kenya : l’exemple du projet de foyers de cuisson améliorés “Dziva” 
Miriam Kilolerwa, bénéficiaire du projet Dziva. © EcoAct  

« Les témoignages de ces femmes nous ont permis de mieux comprendre l’impact du projet, en révélant des nuances que les chiffres seuls ne pouvaient pas traduire », explique Aurélie, Responsable de la communication chez EcoAct. « Lorsque nous sommes arrivés dans le village, elles étaient très enthousiastes à l’idée de parler des fourneaux et d’en partager les avantages. L’une d’entre elles nous a même dit qu’elle était très heureuse parce que ses cheveux avaient repoussé maintenant qu’elle n’avait plus besoin de transporter autant de bois sur sa tête ! »

Les foyers de cuisson améliorés font une énorme différence dans la vie quotidienne des communautés rurales du Kenya, en particulier pour les femmes. Chez EcoAct, la majorité des projets que nous développons ou soutenons contribuent à l’égalité des genres et à l’émancipation des femmes, car les femmes, en plus d’être souvent en première ligne du changement climatique, doivent faire partie intégrante de la solution. 

Pourquoi le rôle des femmes dans les projets de foyers de cuisson améliorés est-il crucial ?  

Dans le cadre du projet de foyers de cuisson de Dziva, 33 emplois ont été créés, dont la moitié ont été pourvus pour des femmes : quatre des sept agents de terrain et douze des quinze ambassadeurs.   

Les agents de terrain sont responsables d’une zone et supervisent les ambassadeurs. Les agents de terrain sont fortement impliqués dans leur communauté et sont très fiers de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie locale. Leur travail consiste à contrôler les fourneaux et à gérer les réparations en cas de besoin. Quant aux ambassadeurs, ils sont profondément liés aux communautés et font le lien entre les bénéficiaires et les agents de terrain. Par exemple, ils informent les agents de terrain lorsqu’une famille a besoin de faire réparer son fourneau.  

Chez EcoAct, nous avons à cœur de soutenir des projets où les femmes sont impliquées car, comme mentionné précédemment, ce sont principalement elles qui ont la charge de la cuisine et des enfants. Elles savent, mieux que personne, à quel point il est important d’avoir un système de cuisson plus sain et moins énergivore ; ainsi, elles sont d’excellentes ambassadrices parce qu’elles ont la confiance des autres femmes. Bakari Chongwa, directeur local du projet Dziva, affirme que « les femmes sont les meilleures ambassadrices parce qu’elles savent comment gérer un ménage et grâce au revenu qu’elles perçoivent, elles s’assurent que leurs enfants vont à l’école et sont bien nourris ».  

Ces emplois permettent aux femmes de gagner un revenu et d’acquérir de nouvelles compétences. La plupart d’entre elles sont également très fières de participer à un projet innovant et de contribuer à la lutte contre le changement climatique.   

« Tout le monde dans la communauté est très content du projet de foyer de cuisson améliorés Dziva. Mon téléphone ne cesse de sonner avec des femmes qui demandent un fourneau. Il y a un réel besoin. » déclare Nzara Jawa, responsable de terrain pour le projet Dziva, en charge des quartiers de Samburu et de Chengoni (dans le comté de Kwale, à Mombasa). 

Lutter contre le changement climatique et favoriser l’émancipation des femmes au Kenya : l’exemple du projet de foyers de cuisson améliorés “Dziva” 
Nzara Jawa, Agent de terrain sur le projet Dziva, interrogée par l’équipe EcoAct ©EcoAct  

Chez EcoAct, nous impliquons les bénéficiaires dans des consultations durant la conception et le développement du projet afin de nous assurer qu’il répondra à leurs besoins. Les foyers de cuisson améliorés doivent être adaptés aux besoins des familles : par exemple, une famille nombreuse aura besoin d’un fourneau plus grand. C’est là que les agents de terrain et les ambassadeurs jouent un rôle clé, car ils sont en contact direct avec les familles.  

« Assurer une présence continue auprès des bénéficiaires est essentiel pour garantir leur engagement sur le long terme et leur fournir un moyen simple de signaler rapidement et efficacement tout problème potentiel concernant leurs fourneaux ou le projet lui-même » explique Stéphane Tromilin, Responsable du département de développement et de gestion de projets d’EcoAct. « La mise en place d’un réseau d’ambassadeurs faisant partie des communautés est donc au cœur du projet. »

EcoAct mène également des campagnes de sensibilisation et de formation pour l’entretien et l’utilisation des foyers de cuisson pour tous les agents de terrain. Ces campagnes jouent un rôle clé pour promouvoir les avantages des foyers de cuisson améliorés, tout en sensibilisant aux risques associés aux méthodes de cuisson traditionnelles.   

L’importance des foyers de cuisson améliorés dans la protection de l’environnement   

La déforestation est un problème majeur au Kenya, en particulier dans le comté de Kwale où la population locale ramasse du bois pour cuisiner et construire des maisons.   

Les mangroves sont particulièrement touchées car elles sont traditionnellement utilisées comme combustible pour la cuisine. C’est ainsi que Bakari, le responsable local du projet, s’est rendu compte qu’il fallait lancer des projets de foyers de cuisson améliorés, car « les gens ne se rendaient pas compte qu’ils détruisaient leurs moyens de subsistance en coupant les mangroves », explique-t-il.  

Les mangroves sont également des écosystèmes importants dans la lutte contre le changement climatique : elles sont les plus productives et les plus diversifiées biologiquement de tous les biomes forestiers, en raison des habitats qu’elles offrent aux espèces marines. En outre, elles peuvent stocker cinq fois plus de carbone que les forêts terrestres. Cependant, les mangroves disparaissent à un rythme de 2 à 3 % par an, et entre 35 et 50 % des mangroves ont disparu entre 1980 et 2000 au niveau mondial.  

Grâce aux fours de cuisson améliorés, la quantité de bois nécessaire pour cuisiner est considérablement réduite, ce qui signifie moins de déforestation et une meilleure préservation de la biodiversité locale. 

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Terres déboisées près du comté de Kwale, Mombasa, Kenya. ©EcoAct  

Comment pouvez-vous contribuer à ce type de projets ?  

Le projet Dziva est entièrement financé par le groupe Sanofi, client d’EcoAct. Ce projet soutient l’engagement de Sanofi de parvenir à des émissions de gaz à effet de serre nulles sur tous les sites d’ici à 2045, conformément à son engagement SBTi Net Zero et à ses objectifs de réduction intermédiaires d’ici à 2030. Pour compléter sa stratégie de réduction, Sanofi investit dans des projets de contribution carbone axés sur les communautés afin d’adresser ses émissions résiduelles à partir de 2030.

« Nos projets ne se contentent pas d’atténuer les émissions résiduelles, ils le font sous l’angle de l’engagement communautaire et de la restauration de l’environnement », souligne Camille Cottin, Responsable de la stratégie climatique et de l’engagement, Sanofi.

Depuis près de 20 ans, EcoAct soutient et s’associe à des développeurs de projets du monde entier qui travaillent en étroite collaboration avec les populations locales pour préserver les écosystèmes naturels, améliorer les moyens de subsistance et lutter contre le changement climatique grâce aux mécanismes de la finance carbone.    

Découvrez le projet en vidéo !

Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez consulter notre site web ou nous contacter directement. Nous serions ravis de discuter avec vous de la manière dont vous pouvez soutenir les projets de notre portefeuille international – qui sont tous certifiés par les normes internationales les plus rigoureuses – ou de l’élaboration de votre propre projet de contribution ! 


1 Rotich, I.K., Musyimi, P.K. Indoor Air Pollution in Kenya. Aerosol Sci Eng 8, 54–65 (2024). https://doi.org/10.1007/s41810-023-00205-5

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