L’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’est attaquée, le 14 mai dernier, à un sujet qui peut paraître éloigné du cœur de ses activités : les modes de cuisson améliorés en Afrique. C’était la thématique centrale d’un Sommet international dédié, organisé en collaboration avec le Président de la Tanzanie, le Premier ministre de Norvège, le Président de la Banque africaine de développement et en présence de nombreux chefs d’État et de gouvernements.
Aujourd’hui, plus de 2 milliards de personnes dans le monde utilisent des modes de cuisson fortement carbonés, et quatre personnes sur cinq en Afrique préparent leurs repas sur des feux ouverts et des poêles traditionnels, en brûlant du bois, du charbon de bois, des excréments d’animaux et d’autres combustibles polluants.
Alors que ces populations subissent d’ores et déjà les conséquences du dérèglement climatique et, dans bien des cas, une extrême pauvreté, l’utilisation de ces méthodes traditionnelles de cuisson entraîne des conséquences désastreuses non seulement sur la santé et sur l’environnement, mais aussi sur l’égalité des sexes. En effet, les femmes et les enfants sont les premières victimes de la fumée toxique provenant de la combustion du charbon, du charbon de bois, du bois et des déchets agricoles : la préparation des repas est l’une des principales causes de décès prématurés chez les femmes et les enfants dans le monde, et la deuxième en Afrique, représentant à elle seule 60 % des décès prématurés dus à des maladies respiratoires et cardiovasculaires. Par ailleurs, la tâche ardue et quotidienne de collecte du bois impacte le temps d’éducation des enfants et les opportunités d’emploi des femmes. Elle met également à rude épreuve les ressources naturelles environnantes en aggravant la déforestation et pénalisant ainsi doublement les populations vulnérables dépendantes des écosystèmes pour leurs moyens de subsistance.
Malgré l’ampleur de cette problématique, ce sujet est pendant longtemps resté marginal dans les discussions internationales sur le climat et le développement. Ce n’est qu’en 2023, avec la publication du rapport spécial de l’AIE « A Vision for Clean Cooking Access for All » et les débats de la COP28, que les solutions de cuisson plus propres sont parvenues à susciter l’attention qu’elles méritent dans l’agenda politique international.
Pourtant, des solutions simples et abordables existent déjà, avec par exemple la distribution de foyers de cuisson améliorés dans les zones les plus rurales, qui permettent de diminuer de plus de 60 % la consommation de bois pour cuisiner, ou encore celle de plaques à induction dans les zones urbaines ou péri-urbaines qui ne souffrent pas de pénurie d’électricité.
Mais le défi est de taille puisqu’il s’agit de mobiliser a minima 4 milliards de dollars par an d’ici à 2030 pour déployer de tels foyers de cuisson améliorés, afin d’atteindre un accès universel à une cuisine plus propre en Afrique subsaharienne. Outre la mise en place de politiques publiques et de financements adéquats dans les pays concernés et des programmes d’aide publique au développement, il est indispensable que le secteur privé joue un rôle dans l’atteinte de cet objectif.
C’est dans ce cadre que la finance carbone représente un outil efficace pour mobiliser des financements privés : les entreprises des pays développés, en complément de leurs efforts de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre scientifiquement fondés et démontrables, peuvent également investir dans des projets de distribution de foyers de cuisson améliorés, en accord avec ces mécanismes. Cette démarche s’inscrit dans la stratégie climat des entreprises, et participe ainsi à l’objectif collectif de zéro émission nette d’ici à 2050, en ligne avec l’Accord de Paris.
Aujourd’hui, le coût de cet accès universel est relativement faible et ses co-bénéfices sur le climat et le développement peuvent avoir un impact transformateur sur la vie de millions de citoyens et de communautés africaines. Des entreprises pionnières se sont engagées dans cette voie avec succès et impacts, mais l’échelle demeure à ce jour trop limitée. Il est urgent que les entreprises se saisissent plus largement de ces mécanismes de finance carbone pour contribuer à ces défis planétaires en accélérant les investissements dans ces solutions accessibles, existantes et qui ont déjà fait leurs preuves.
Découvrez un projet de foyers de cuisson améliorés développé par EcoAct et sa filiale Climate Pal au Kenya en cliquant ici.
La transition environnementale nécessite l’alignement des modèles économiques sur les enjeux environnementaux et les limites planétaires, qui, si elles continuent de sortir une à une de leurs espaces de sureté, mettront en péril les conditions d’exercice de nos organisations.
Pour réussir sa transition, une transformation globale des modèles d’affaires est nécessaire en se basant sur une approche systémique qui prend en compte les écosystèmes planétaires ainsi que les dimensions sociales et économiques.
Pour accompagner les organisations dans leur transition environnementale, nous avons défini notre nouvelle raison d’être : mettre le climat et la nature au cœur des actions pour favoriser la transformation durable des organisations.
Ce cadre repose sur quatre piliers d’action interdépendants s’appuyant sur la science des données, chacun jouant un rôle essentiel dans le développement d’organisations résilientes, compétitives et durables :