La définition d’objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES) fondés sur la science climatique, appelés Science-based targets ou SBT, est un processus clé qui nécessite l’engagement de plusieurs services au sein de votre organisation. Chaque groupe de parties prenantes suivra ses propres indicateurs de réussite, allant du retour sur investissement financier, à la réputation de la marque, en passant par la compétitivité et la réduction des émissions de GES.
Les objectifs climatiques de réduction soulèvent donc des questions communes, à savoir :
Les étapes suivantes vous aideront à élaborer une stratégie de réduction robuste et réalisable pour atteindre votre objectif fondé sur la science climatique en toute confiance.
Les chaînes d’approvisionnement, les offres de services ou de produits, les priorités des parties prenantes et l’empreinte opérationnelle varient largement en fonction du secteur et de la nature des activités. Votre organisation est unique. C’est pourquoi il est indispensable d’identifier et de hiérarchiser vos priorités, notamment du point de vue de la stratégie et du carbone, afin de ne pas vous retrouver confronté.e à des obstacles majeurs en cours de route.
Dans cet objectif, il convient de répondre à quelques questions pertinentes. Par exemple, votre organisation subit-elle une pression extérieure pour éradiquer les déchets plastiques ? Votre entreprise anticipe-t-elle une croissance substantielle ? Voulez-vous vous positionner en tant que leader du marché ? Vos consommateurs exigent-ils que vos produits soient fabriqués uniquement à partir d’ingrédients naturels, voire certifiés ? Souhaitez-vous établir un objectif zéro émission nette en même temps qu’un objectif fondé sur la science ?
Alors que certaines de vos priorités économiques favorisent la décarbonation, il est primordial de veiller à ce que toutes vos priorités soient clairement définies et qu’elles ne s’opposent pas les unes aux autres.
La qualité des données sera déterminante pour à la fois la compréhension précise de votre impact, l’évaluation des implications de vos décisions et le bien fondé de vos déclarations en faveur du climat. Les données dont vous disposez, soutiennent-elles vos efforts ?
À titre d’exemple, les données relatives aux dépenses constituent une première étape commune pour la plupart des entreprises désireuses d’avoir une vue d’ensemble de l’impact de leur chaîne de valeur. En effet, elles sont souvent aisément accessibles auprès des services d’achat. Cependant, des difficultés surgissent lorsque vous vous fiez à ces données pour démontrer vos réductions d’émissions. Or, cela ne vous permet pas de comprendre les implications climatiques du passage d’un fournisseur à un autre, ni des changements de matériaux ou de leur qualité (comme l’augmentation du taux de recyclage).
Nous vous conseillons de cibler les données spécifiques à l’industrie ou à l’activité qui favorisent une estimation plus fine, ou mieux encore, d’accéder aux données primaires de vos fournisseurs. Ainsi, vous obtiendrez une compréhension plus pointue des émissions et une capacité d’influence accrue pour une meilleure stratégie de réduction.
Figure 1. L’impact de la qualité des données sur la réduction des émissions et la capacité de peser dans le sens du changement.
Si vous ne prenez aucune mesure supplémentaire, votre trajectoire d’émissions reste inchangée. L’objectif principal de cet exercice est de prendre en compte, lors de l’élaboration d’une trajectoire de réduction, votre stratégie d’entreprise ou d’organisation au sens large, ainsi que son impact sur vos émissions sur l’échelle de temps visée.
Par exemple, prévoyez-vous un lancement d’une nouvelle unité de production ou bien d’une ligne de produits ou de services ? Peut-être envisagez-vous de regrouper des activités au sein d’une autre entité ou de fermer un site particulier ?
Considérez également la possibilité que des facteurs externes échappent à votre contrôle. Il va de soi que ceux-ci ne peuvent pas toujours être anticipés. Toutefois, il existe des prévisions en matière d’énergie et de gestion qui s’offrent à vous. Par exemple, nous savons que le mix énergétique est amené à changer. L’essor des énergies renouvelables devrait entraîner une réduction des émissions de carbone du scope 2 au fil du temps ; ces prévisions doivent être intégrées dans vos projections.
Une fois que la collecte de données est maîtrisée et que vous avez établi le scénario du statu quo, il est temps de se pencher sur toute la gamme des initiatives de réduction possibles. Concentrez-vous en premier lieu sur vos principaux postes émetteurs et sur les technologies de réduction disponibles. L’identification des maillons faibles en matière de réduction d’émissions dans votre chaîne de valeur est un excellent point de départ.
Commencez donc à recueillir des informations auprès de vos collaborateurs et partenaires de la chaîne de valeur pour comprendre quelles actions peuvent être menées pour réduire votre impact en termes d’énergie et d’émissions. Aussi, quels investissements seront-ils nécessaires pour les mettre en œuvre ?
Il est également primordial de tenir compte des interactions entre vos différentes options de réduction. Par exemple, vous envisagez d’introduire progressivement des véhicules 100 % électriques d’ici à 2030. Quel impact cette décision pourrait-elle avoir sur vos émissions futures ? Comment cet engagement se compare-t-il à celui de produire 100 % d’énergie renouvelable pour vos activités directes à la même date ? Que se passera-t-il si vous mettez en œuvre les deux options ? Par ailleurs, l’ordre dans lequel ces initiatives sont mises en œuvre fait-il une différence pour la réduction des émissions dans les délais prévus par votre objectif ?
En listant des initiatives envisageables et en évaluant le niveau de décarbonation ainsi que le coût associés, vous serez en mesure de dresser un tableau des actions possibles avec leur niveau d’efficacité.
L’étape suivante consiste à affiner cette analyse et à défendre votre stratégie.
Les courbes des coûts marginaux de réduction, comme le montre la figure 2, peuvent vous aider à déterminer où vous pouvez obtenir le meilleur rendement de votre investissement sur l’ensemble de votre chaîne de valeur.
Figure 2 : Courbe du coût marginal de réduction montrant l’économie de carbone par rapport au coût par tonne.
Dans l’exemple, nous pouvons voir que parmi toutes les initiatives, le contrat d’électricité renouvelable permet d’économiser le plus de carbone. Cependant, il y a un coût associé à chaque tonne de carbone économisée. De même, le projet de cogénération permettra d’économiser un peu moins de 2 000 tonnes de carbone par an, mais il aura un coût de 100 dollars par tonne. D’autre part, certains projets moins imposants en termes d’échelle et d’investissement, comme la modernisation du système d’humidification et le projet LED, permettront en fait de réaliser des économies de carbone chaque année et d’obtenir un retour sur investissement (économie de coût par tonne de carbone) sur la durée de vie de votre objectif.
Dans la mesure du possible, cette évaluation doit être effectuée au niveau de l’actif ou de l’unité opérationnelle, puis agrégée à l’échelle de l’organisation afin de fournir une ventilation des objectifs internes de réduction du carbone pour soutenir les objectifs de votre groupe. Notre outil dédié, CRaFT, peut vous aider à visualiser l’impact de vos initiatives sur votre trajectoire de réduction, et de prendre des décisions éclairées en temps réel.
Vous êtes maintenant prêt.e à présenter vos résultats aux décideurs internes. L’adhésion de la hiérarchie est cruciale.
L’évaluation de paramètres tels que l’investissement requis, l’évolution des dépenses opérationnelles et le coût du carbone sur la période couverte par votre objectif soutiendra le processus d’approbation et contribuera à la gouvernance.
Au fur et à mesure que votre organisation se rapprochera de son objectif, il est probable que les technologies de réduction du carbone et les options qui s’offrent à elle évolueront. Par conséquent, il est important de rester souple et de mettre en place une gouvernance des objectifs qui puisse s’adapter à l’évolution technologique. Cela vous permettra de garder confiance dans vos objectifs et vos ambitions climatiques tout au long du parcours.
En septembre 2020, la SBTi (Science Based Targets Initiative) a publié, en partenariat avec le CDP, un rapport sur l’établissement et l’atteinte des SBT qui sont alignés sur l’objectif d’atteindre zéro émission nette d’ici à 2050. La distinction y est faite entre un SBT « classique » – c’est-à-dire un objectif de réduction des émissions de GES compatible avec la limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C ou nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels – et un SBT qui vise zéro émission nette. Ce dernier comprend et va au-delà de l’ambition d’un SBT « classique » en exigeant que les entreprises assument également la responsabilité des émissions qui n’ont pas encore été réduites ou qu’il n’est pas possible d’éliminer.
Reconnaissant l’essor des objectifs de zéro émission nette dans le secteur privé et l’hétérogénéité de ces derniers, la SBTi développe actuellement un cadre scientifique pour la formulation et l’évaluation de ces objectifs pour les entreprises.
L’établissement d’un SBT est une étape cruciale pour toute organisation qui souhaite réduire son impact sur le climat et s’aligner sur une trajectoire de réduction compatible avec l’accord de Paris. De plus, notre étude annuelle de certaines des plus grandes entreprises au monde montre que celles ayant un SBT sont à la fois plus engagées en matière de réduction et en bonne voie pour atteindre leur objectif.
L’initiative Science Based Targets (SBTi) a publié son guide FLAG en 2022 afin de permettre aux entreprises des secteurs à usage intensif en terres de fixer des objectifs fondés sur des données scientifiques qui incluent la réduction et la séquestration des émissions provenant des terres.
Les SBT FLAG constituent une étape importante dans l’action des entreprises en faveur du climat, mais ils ne concernent pas uniquement les entreprises à usage intensif en terres. Toute entreprise dont les émissions FLAG représentent plus de 20 % du total de ses émissions Scopes 1, 2 et 3 sera également tenue d’en fixer.
Dans cette fiche d’information, vous découvrirez :