Après 2 semaines d’intenses négociations à Cali en Colombie, la COP 16 Biodiversité se termine et il est temps de faire le bilan. Nos expertes, Sabrina Capon, Manager biodiversité et Jeanne Barreyre, Consultante senior chercheuse en solutions fondées sur la nature, étaient sur place pour suivre les échanges et rencontrer de nombreux acteurs et partenaires. Elles nous racontent les principales avancées et leurs retours du terrain.
Sous la présidence de la Colombie, cette COP a connu des débats et des divergences importantes entre les pays du Nord et du Sud, laissant certaines décisions importantes en suspens.
Après l’adoption du Global Biodiversity Framework (GBF) lors de la COP15 en 2022, les objectifs de la COP16 portaient sur la mise en œuvre de cet accord. En deux ans, des progrès ont été effectués puisque 119 pays ont soumis des objectifs biodiversité et 44 des stratégies et plans d’actions associés afin d’atteindre les 23 objectifs de l’accord de Kunming-Montréal, mais il a été souligné l’importance et la nécessité d’accélérer l’action au regard des trois principaux objectifs de cette COP :
1/ L’engagement d’objectifs et le suivi des progrès : Établir un cadre opérationnel pour mesurer les avancées des États vis-à-vis des objectifs définis lors de la dernière COP.
2/ Mobilisation des ressources : Assurer des financements et des moyens techniques suffisants pour atteindre les objectifs du GBF.
3/ Partage équitable : Garantir un partage juste et équitable de l’utilisation des ressources génétiques (informations génétiques contenues dans l’ADN d’espèces et utilisées dans la fabrication de médicaments et produits cosmétiques, par exemple). Ces ressources sont souvent présentes dans les pays en développement et bénéficient essentiellement aux grandes entreprises des pays développés.
La COP 16 a tout de même été l’occasion d’avancer sur de nombreuses questions, parmi lesquelles :
D’autres avancées ont eu lieu sur les thématiques des OGM et risques, biodiversité et santé, gestion durable de la faune et de la flore et conservation des plantes.
Il est important de noter une forte présence des acteurs privés lors de cette COP, montrant une véritable prise de conscience de ces acteurs et un passage à l’action à leur niveau. En effet, de nombreuses initiatives, coalitions et évènements se sont mobilisés et organisés en parallèle de la négociation onusienne multilatérale, témoignant de la volonté de concrétiser les engagements d’un ensemble d’acteurs publics et privés.
Sur le thème du financement via des crédits biodiversité, l’IAPB (International Advisory Panel on Biodiversity Credits) a publié son référentiel qui définit un cadre de certification des certificats biodiversité à haute intégrité, soutenu par l’UE, dont les principes et orientations sont :
1. Résultats tangibles et vérifiés : par des procédures de validation et vérification rigoureuses des crédits, qui permettent de démontrer les résultats positifs sur la nature
2. Equité et justice pour les populations : il est essentiel que les certificats biodiversité ne génèrent pas de préjudice, mais des avantages significatifs et équitables, qu’ils respectent les droits des peuples autochtones et des communautés locales, et qu’ils garantissent leur inclusion et valorisent leur rôle central au cœur de la biodiversité.
3. Gouvernance des marchés : il est clé d’établir une gouvernance transparente et saine, au niveau mondial des marchés des certificats de biodiversité ainsi qu’au niveau de la mise en œuvre des projets.
Sur le thème des cadres méthodologiques “nature” pour les entreprises, la TNFD a publié un « discussion paper » sur les plans de transition nature, en consultation jusqu’au 1er février 2025 , ainsi que des premiers exemples de rapports TNFD et intégré TNFD/TCFD qui peuvent inspirer nos clients sur ce sujet.
Le sujet de la transition et du lien avec le climat est également présent dans le guide du GFANZ (Glasgow Financial Alliance for Net Zero), qui propose des orientations supplémentaires et volontaires sur la manière d’intégrer les leviers liés à la nature dans le cadre d’un plan stratégique et crédible de transition vers une économie nette zéro.
Sur le sujet important des métriques, Nature positive initiative a proposé un set d’indicateurs pratiques, qui pourrait faire consensus et être repris dans différents cadres de référence (SBTN, TNFD, GRI…). Là encore, il est possible de donner son avis, jusqu’au 13 novembre.
En France, la plateforme « Entreprises et biodiversité », a été lancée à l’occasion de cette COP16 pour recenser l’ensemble des outils, méthodes, initiatives en lien avec la biodiversité.
Les acteurs privés étaient fortement représentés à Cali (20 000 participants) et ont activement participés à partager de nouvelles initiatives en lien avec leurs engagements. Beaucoup ont partagé le besoin d’avoir des règles claires, une gouvernance transparente et une coordination efficace, au niveau des états, pour pouvoir avancer sereinement sur leur trajectoire biodiversité, en cohérence avec leur stratégie climat.
Le lien « Climat – Biodiversité » est à l’ordre du jour de la prochaine COP climat à Baku, qui débute le 11 novembre 2024 afin notamment de renforcer les liens et la gouvernance sur ces sujets.
A l’issue de la COP 15 pour la biodiversité qui s’est tenue en décembre 2022, l’Accord mondial de Kunming-Montréal a vu le jour pour fixer des objectifs mondiaux de lutte contre le déclin de la biodiversité. Ces cibles encouragent notamment les entreprises à évaluer, prendre en compte et communiquer sur les risques, les dépendances et les impacts sur la biodiversité.
A l’image des cadres volontaires qui incluent de plus en plus les enjeux sur la sauvegarde de la nature, nous nous attendons également à voir le paysage réglementaire évoluer pour les prendre en compte.
Pour vous accompagner dans la compréhension, la mesure et la réduction de vos impacts et de vos dépendances à la biodiversité, vous trouverez dans cette fiche d’information :