COP27 : informations clés à retenir pour les entreprises

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Avec deux jours de retard, la COP27 s’est achevée le dimanche 20 novembre avec un bilan mitigé : l’optimisme concernant la création d’un fonds historique destiné à indemniser les pays en développement pour les dommages causés par le changement climatique étant tempéré par la déception liée au manque d’ambition en matière de réduction des émissions. En effet, pour les quelques 600 lobbyistes présents pour défendre le charbon, le pétrole et le gaz, cette COP fut une réussite.

Nous le savons, les COP sont (trop) régulièrement des rendez-vous manqués pour relever l’ambition climatique. Cependant, les négociations intergouvernementales n’étaient qu’un élément de ce sommet international. Les entreprises et organisations participantes continuent de progresser en faveur de l’objectif zéro émission nette, conscientes du rôle qu’elles ont à jouer pour faire face à leur vulnérabilité climatique.

La mise en place d’un fonds sur les « pertes et préjudices » après des décennies de querelles démontre que l’action urgente est nécessaire, que les fonds publics existants sont insuffisants et que le secteur privé doit s’impliquer dans le financement de la lutte contre le dérèglement climatique. Annoncés lors de la COP27, de nouveaux financements devraient voir le jour grâce à une plus grande coordination entre les institutions financières publiques et privées, ainsi que par l’intégration des équipes dirigeantes et des directions financières des entreprises dans le débat sur la stratégie climatique. Au-delà d’un appel à l’action pour mobiliser les financements, plusieurs autres résultats importants sont à prendre en compte et à suivre dans les mois à venir.

Notre Responsable des partenariats et du portefeuille de projets, Mathilde Mignot, s’est rendu a Charm el-Cheikh pour l’occasion :

« Malgré les progrès réalisés lors de la COP27, les efforts mondiaux actuels pour combler les lacunes en matière de réduction d’émissions et d’adaptation s’avèrent insuffisants si nous voulons rester sur la trajectoire 1,5°C. La COP27 a démontré que l’action climatique ne peut être menée seulement par les gouvernements ; le secteur privé joue un rôle de premier plan dans la décarbonation mondiale.

En plus de fixer des objectifs de réduction fondés sur la science (SBT) et d’œuvrer à leur réalisation, les entreprises investissent dans des solutions climatiques émergentes par le biais de la finance carbone, contribuant ainsi au développement et l’innovation de projets de réduction et d’élimination du carbone de haute qualité à l’échelle mondiale.

Forte de 16 ans d’expérience dans le développement de projets, l’équipe dédiée aux solutions fondées sur la nature chez EcoAct se renforce pour accélérer le développement de projets à travers le monde en partenariat avec des experts sur le terrain et certains de nos clients. Lors de la COP27, j’ai eu la chance de rencontrer de nombreux autres acteurs majeurs du marché volontaire du carbone, qui mettent actuellement en œuvre des projets ayant un impact positif sur la nature et les communautés. Le changement climatique n’attendra pas – nous devons agir et obtenir des résultats dès maintenant. L’implication du secteur privé devient de plus en plus essentielle pour intensifier l’action climatique ».

COP27 - Mathilde Mignot

Mathilde Mignot, Responsable Portfolio & Partnerships chez EcoAct lors de la COP 27

Une trajectoire incertaine pour atteindre 1,5 °C

Avant le lancement de l’événement, le PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement) alertait qu’il n’existait « aucune voie crédible » pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris pour limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Certains décideurs ont abondé dans ce sens, estimant que l’abandon de cet objectif était nécessaire pour définir une stratégie plus concrète et réaliste.

L’échec d’un accord plus ambitieux pour réduire les émissions prouve que ce n’est peut-être malheureusement qu’une question de temps avant que les gouvernements ne se résignent à ne pas atteindre 1,5°C. Le rapport du Global carbon budget, écrit par plusieurs instituts de recherche européens et publié pendant la COP, indique qu’aucun des gouvernements actuels n’est en bonne voie pour respecter cet objectif. Si les trajectoires d’émissions actuelles se maintiennent, il y a 50 % de chances que la température de 1,5 °C soit dépassée dans neuf ans seulement. Notons que chaque 0,1 °C d’augmentation évitée est précieux. Un réchauffement de 2 °C serait critique comme l’a indiqué le GIEC, qui prévoit des vagues de chaleur plus violentes, une plus grande perte d’habitats naturels et une élévation du niveau de la mer bien plus rapide qu’à 1,5°C.

COP27 global temperature

Source : Climate Action Tracker

En France, la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) s’appuie sur le scénario 1,5 °C pour définir un budget carbone et des jalons intermédiaires d’ici à 2050. En 2023, la SNBC sera révisée et ajustée au regard des réductions effectives sur la période 2019-2023 afin de préparer le prochain jalon 2024-2028.

 

Evolution réglementaire : vers un reporting obligatoire du scope 3

Au milieu de ces sombres perspectives, le CDP a annoncé une nouvelle mesure pour harmoniser la réglementation internationale en matière de développement durable. Le CDP, qui recueille les informations environnementales de près de 20 000 entreprises, a décidé d’intégrer les normes de l’International Sustainability Standards Board (ISSB) dans ses questionnaires existants. L’ISSB Climate-related Disclosures Standard, qui sera publiée début 2023, obligera donc les entreprises à communiquer leurs émissions des scopes 1, 2 et 3 et leur utilisation des mécanismes de finance carbone dans le cadre de leurs plans de transition. La décision du CDP, qui ne manquera pas d’être suivie par d’autres juridictions, permettra d’améliorer l’efficacité du reporting climat tout en réduisant le nombre de règles divergentes auxquelles les entreprises doivent se conformer.

 

Un nouvel élan pour s’aligner sur l’objectif zéro émission nette ?

Avec le lancement des nouvelles directives ISO propres à l’objectif zéro émission nette lors de la COP27, les organisations disposent désormais de recommandations claires pour définir et atteindre leurs objectifs climatiques. Ces nouvelles instructions leur permettront également d’éviter les accusations de greenwashing de la part des investisseurs et autres parties prenantes.

En bref, les directives de l’ISO indiquent que tout objectif zéro émission nette à long terme doit être accompagné d’objectifs intermédiaires, et que les entreprises ne peuvent prétendre avoir atteint cet objectif qu’après avoir pris « toutes les mesures possibles » pour réduire leurs émissions. Les émissions résiduelles incompressibles devront être séquestrées par des puits de carbone (fondés sur la nature ou la technologie). Pour se faire, les entreprises doivent rechercher des partenariats avec des développeurs de projets. En outre, les organisations sont invitées à tenir compte de leur responsabilité historique dans le changement climatique, les grandes institutions des pays développés étant encouragées à apporter leur « juste part » et à se fixer des objectifs plus ambitieux.

Le groupe d’experts de haut niveau des Nations-Unies sur les engagements zéro émission nette a publié un rapport avec des intentions similaires et un certain nombre de conclusions se recoupant.  Selon les recommandations du groupe d’experts, les entreprises ne peuvent pas prétendre avoir atteint le fameux « net-zero » tout en continuant à investir dans les énergies fossiles ; elles doivent se concentrer sur la réduction de leurs émissions absolues, plutôt que sur la diminution de l’intensité de leurs émissions.

Si les entreprises veulent prouver leur réel engagement environnemental, une des clés est qu’elles doivent éviter de s’associer à des groupes ou organisations qui travaillent à saper les politiques climatiques des gouvernements. Avec de nouveaux cadres permettant de mesurer le greenwashing, les entreprises ne pourront pas dire qu’elles n’ont pas été prévenues.

 

Le futur de la finance carbone : pas d’avancée sur l’Article 6

Bien que la contribution à la finance carbone ne doive pas remplacer les mesures d’atténuation du changement climatique, elle joue un rôle essentiel dans les stratégies de développement durable des entreprises. Nous attachons donc une importance particulière aux avancées autour de l’article 6 de l’Accord de Paris, en particulier l’article 6.4, qui permet la création d’un système multilatéral d’échange de carbone s’intégrant dans le marché volontaire du carbone.

La création d’une taxonomie spécifique des types de projets éligibles a été repoussée à 2023, laissant la porte ouverte aux activités liées aux océans (carbone bleu), telles que la plantation de mangroves et la fertilisation des océans. Par ailleurs, bien que la question ait été considérée comme réglée, certaines Parties ont réussi à réintroduire la possibilité de créditer des actions d’évitement, telles que celles qui permettent de maintenir une forêt sur pied alors qu’elle aurait pu être défrichée. Un autre sujet de tension est le désir de certains pays de conserver le droit de révoquer l’émission de crédits, ce qui laisserait les acheteurs dans l’incertitude quant à leur valeur.

Avec autant d’indécisions, un début d’échange de crédits au titre de l’article 6.4 en 2023 semble désormais irréalisable. Cependant, certains pays ont avancé sur les accords bilatéraux, prévus par l’article 6.2. Le Ghana et la Suisse ont notamment convenu que le premier fournirait à terme des crédits générés par un projet de réduction des émissions de méthane provenant de la production de riz, à utiliser pour atteindre l’objectif de réduction des émissions de 2030 du second. Cette action précoce, alors que les règles régissant la transparence et la notification des transactions relevant de l’article 6.2 doivent encore être finalisées, témoigne d’une volonté d’agir même lorsque le paysage réglementaire n’est pas encore clair. Après deux COP quelque peu décevantes, du moins du point de vue des gouvernements, les entreprises pourraient s’inspirer de cette approche plus entreprenante.

 

L’année prochaine, la COP28 accueillera le Bilan mondial (Global Stocktake, GST, en anglais), une évaluation collective de la mise en œuvre de l’Accord de Paris et des progrès accomplis vers ses objectifs. Indépendamment du fait que les élus puissent s’entendre sur un langage commun ou une stratégie unifiée, le secteur privé doit continuer à répondre aux signaux du marché et à la demande des consommateurs pour des actions audacieuses, en réduisant les émissions, en canalisant les financements vers des initiatives environnementales bas-carbone. Grâce aux nouveaux cadres qui incitent les entreprises à agir et les orientent vers les meilleurs moyens d’obtenir des résultats, nous espérons voir l’impact positif de la COP27 au cours de l’année 2023 et au-delà.

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