Le 27 février 2018, les 28 Etats membres ont approuvé, lors du Conseil européen, la réforme du système européen d’échange de quotas (EU ETS) pour sa phase IV (2021-2030). Après plus de deux ans de négociation depuis la proposition de la Commission européenne, l’approbation de cette réforme par les Etats constitue la dernière étape politique avant sa mise en application. Dans le même temps, depuis le printemps 2017 et le début des négociations politiques en trilogue appelant à plus d’ambition, le prix du carbone de l’EU ETS a doublé, passant de 5 à 10 €/tCO2, soit son plus haut niveau depuis 6 ans. Cette réforme pourra-t-elle soutenir cette tendance haussière du prix du carbone d’ici 2030 ? Permettra-t-elle de délivrer un niveau de prix compatible avec l’objectif de l’Accord de Paris ? Oui, sous trois conditions.
La réforme de l’EU ETS vise à rendre le marché plus efficace pour atteindre l’objectif de réduction de -43% des émissions de CO2 des secteurs de l’industrie et de l’énergie d’ici 2030. Elle a fait l’objet de compromis politiques et établit un équilibre délicat entre ambition climatique et préservation de la compétitivité des industries européennes. A noter que la version finale adoptée en 2018 est plus ambitieuse que la proposition initiale de la Commission européenne de 2015.
En matière de renforcement de l’ambition climatique, la réforme consiste à introduire les trois mesures suivantes :
La directive EU ETS révisée comporte également un certain nombre de dispositions pour protéger l’industrie contre le risque de fuite de carbone dont les principales sont :
L’EU ETS est en voie d’atteindre son objectif de réduction de -21% en 2020 et sa réforme actuelle en renforce indéniablement l’ambition. Pourtant, cette nouvelle directive ne sera pas suffisante pour faire de l’EU ETS le moteur principal de la décarbonation de l’industrie et de l’énergie à l’horizon 2030, en ligne avec l’ambition de l’Accord de Paris. Les analystes de marché s’accordent en effet à dire que le prix du carbone délivré par l’EU ETS pourrait évoluer dans une fourchette comprise entre 10 € en 2020 jusqu’à 25 € en 2025, ce qui demeure loin du niveau requis : en mai 2017, la Commission de Haut Niveau sur les Prix du Carbone, dirigée par les économistes Stern et Stiglitz, préconisait une trajectoire de prix compatible avec l’ambition de l’Accord de Paris, entre 34 et 68 € la tonne de CO2 pour 2020, puis entre 43 et 85 € pour 2030.
Pour parvenir à délivrer une telle incitation économique d’ici 2030, 3 conditions doivent être impérativement réunies d’ici à 2025 :
Si nous ne remplissons pas ces trois conditions, le prix du carbone délivré par l’EU ETS ne sera pas suffisant après 2025 pour encourager la transformation du système énergétique et industriel européen et respecter l’engagement de l’Europe vis-à-vis de l’Accord de Paris. Ne ratons pas ces prochaines étapes.
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